Une nouvelle lettre du général Mouton, comte de Lobau, à son épouse. Il vient d’être nommé (3 septembre) à la tête du 1er corps d’armée.
Dresde, faubourg de la rive droite, le 4 septembre 1813.
Ma chère Cite [Félicité], l’Empereur est parti hier pour aller du côté de la Silésie. Où se trouve l’Empereur, nous sommes presque certains des succès, mais malheureusement il n’en est pas de même ailleurs. Il ne fait pas également beau partout. Il faudrait que S.M. pût être partout. Moi, je suis resté ici pour réorganiser le 1er corps d’armée et en prendre le commandement, le général Vandamme qui le commandait précédemment ayant été pris en Bohême dans un fort engagement dont les résultats n’ont pas été heureux. L’Empereur ne donne par là une grande preuve de confiance, mais une tâche énorme. J’emploierai tous mes moyens pour bien servir S.M. et remplir mes devoirs. Il est des circonstances où je regarderai comme un crime la moindre hésitation. Je connais assez ton âme, ma tendre et bonne amie, pour être persuadé que tu partageras mon opinion. Ce changement ne va pas me permettre de te donner souvent de mes nouvelles, mais je te promets de ne négliger aucune occasion de le faire.
Bonjour, ma chère, je t’embrasse de toute mon âme ainsi que ta fille.
LOBAU.
Je suis encore ici et je m’attends à chaque instant à recevoir l’ordre d’en partir. Le duc de Bassano sort de chez moi et je vais dîner avec lui. Bonjour mon cher enfant.
« Lettres d’un lion. Correspondance inédite du général Mouton, comte de Lobau (1812-1815). [Publiées et annotées par Emmanuel de Waresquiel], Nouveau Monde Éditions, 2005, pp.158-159).