Quelques pièces intéressantes: ordres et instructions de Napoléon, alors que se déroule la campagne de France.
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Ordre de Napoléon au maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major Général de la Grande Armée, à Brienne.
[Pièce n°1314]. Brienne, 1er février 1814.
Donnez ordre que l’hôpital de Brienne soit évacué, de sorte qu’en cas de mouvement on ne laisse rien dans cet hôpital.
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Instructions de Napoléon au comte Daru, Ministre-Directeur de l’Administration de la guerre, à Paris.
[Pièce n°1316]. Nogent, 7 février 1814.
J’ai ordonné que tous les blessés, éclopés et malades fussent évacués sur des bateaux jusqu’au pont de Choisy. Il est nécessaire qu’ils y trouvent des ordres pour être dirigés par la Loire ou sur Versailles. Par ce moyen ils éviteront Paris.
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Ordre de Napoléon au général Savary, duc de Rovigo, Ministre de la Policé Générale à Paris.
[Pièce n°1317]. Aux Grès, 7 février 1814, au matin.
Il paraît nécessaire de prendre quelque mesure pour arrêter les maraudeurs qui se débandent de l’armée. Les gendarmes, les gardes nationales et des agents civils devraient être employés à cela. J’ai ordonné par un ordre du jour qu’on décimerait les fuyards. La police ne m’a rendu aucun service, sous ce point de vue. Elle aurait pu nous ne rendre de grands, l’année passée. Plus de 40.000 hommes, depuis le passage du Rhin, se sont débandés et aucune mesure n’a été prise.
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Ordre de Napoléon au général Savary, duc de Rovigo, Ministre de la Policé Générale à Paris.
[Pièce n°1319]. Nogent, 9 février 1814.
Envoyez à Meaux et à la Ferté-sous-Jouarre des commissaires civils. Envoyez une vingtaine de gendarmes d’ élite et une vingtaine de gendarmes de paris pour arrêter les traînards et les décimer, c’est-à-dire, en fusiller un sur dix, conformément à mon ordre du jour. Le ministre de la Guerre [Général Clarke, duc de Feltre] donnera un commandant de gendarmerie et les officiers supérieurs nécessaires pour former cette commission.
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Ordre de Napoléon au maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major Général de la Grande Armée, à Montmirail.
[Pièce n°1320]. Montmirail, 15 février 1814.
Donnez au duc de Raguse [Maréchal Marmont] le même ordre que vous avez donné au général Dulauloy de brûler les caissons et affûts ennemis et d’enterrer les pièces en faisant dresser procès-verbal des lieux où cela sera fait.
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Lettre de Napoléon au maréchal Victor, duc de Bellune, Commandant le 2ème corps de la grande armée, à Montereau.
[Pièce n°1322]. Nangis, 18 février 1814, 8 heures du matin.
Mon Cousin, je suppose que lorsque vous recevrez cette lettre vous serez sur les hauteurs de Montereau. Cela étant, mon intention est que vous dirigiez sur-le-champ toute la cavalerie, même celle de Pajol, entre Donnemarie et Bray. L’ennemi est tellement embarrassé que le prince Schwarzenberg vient d’écrie pour demander un armistice. Pendant que vous vous occuperez à établir le pont de Montereau, la cavalerie aura le temps de revenir sur vous et cependant la présence de la cavalerie du côté de Donnemarie-en-Bray nous procurera de nouvelles forces pour balayer toute cette rive. Je me rends d’abord à Villeneuve-le-Comte où j’espère apprendre que vous êtes maître des hauteurs de Montereau. Je me porterai alors à Donnemarie, vis-à-vis Bray.
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Instructions de Napoléon au général Clarke, duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris.
[Pièce n°1324]. Château de Surville, 19 février 1814.
Vous m’avez annoncé 600 Polonais. Envoyez-les ici, afin que je les réunisse dans les détachements de Polonais que j’ai dans ma Garde. Il m’est possible de tirer un bon service des Polonais que dans ma Garde où je les mêle avec les anciens et où ils servent sous mes ordres. Comme il y a beaucoup de cadres de Polonais, peut-être serait-il convenable de les recruter parmi les prisonniers pour compléter un ou deux bataillons et le régiment des éclaireurs.
[Pièce n°1325]. Château de Surville, 19 février 1814.
Faites venir à Paris les officiers démissionnaires du service de Naples. Je désire que vous me fassiez connaître quel grade ils avaient au service de Naples et depuis combien de temps. Faites-leur connaître que mon intention est de les traiter favorablement, qu’on mettra dans la Jeune Garde tous ceux qui seront susceptibles d’y être admis. Envoyez-en l’état au général Drouot. Témoignez ma satisfaction de leurs sentiments.
[Pièce n°1327]. Château de Surville, 19 février 1814.
Vous m’écrivez que vous avez 40.000 coups de canon à Vincennes. Cela est peu de chose, car si j’ai une bataille générale, j’en dépenserai 100.000. Activez donc la confection des munitions.
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Ordre de Napoléon au général Savary, duc de Rovigo, Ministre de la Policé Générale à Paris.
[Pièce n°1329]. Troyes, 26 février 1814.
Quelque chose que vous puisiez dire, aucun bulletin de nos victoires n’est arrivé à Troyes, ni dans aucun des pays occupés par l’ennemi, ce qui prouve que la police n’avait pas pris les mesures nécessaires pour les y faire parvenir. Je ne dis pas qu’on n’a pas imprimé les bulletins à Paris : l’avidité seule des libraires était suffisante pour cela, mais je répète que la police n’a pas réussi à les faire parvenir dans les pays occupés par l’ennemi.
(« Lettres inédites de Napoléon 1er. Collationnées sur les textes et publiées par Léonce de Brotonne », Honoré Champion, Libraire, 1898, pp.529-535. Ce volume contient 1500 lettres de l’Empereur qui ne figurent pas dans la grande édition de sa « Correspondance », publiée sous le Second Empire.)