L’auteur de cette lettre, François Franconin (1788-1857) est sergent-major au 1er régiment des Grenadiers de la Garde.
Nogent-sur-Seine, 22 février 1814.
Je saisis l’occasion d’un officier logé dans la même maison que moi, qui va en dépêche à Paris, pour vous apprendre que ma santé est aussi bonne que vous pouvez la désirer et que je me suis retiré sain et sauf de différentes affaires qui ont eu lieu aux environs de Montmirail et de Château-Thierry et dont la Garde a presque fait tous les frais. Nous n’avons pas donné à Nangis et à Montereau.
Avant tous ces succès, l’ennemi se croyait maître de la France et pouvait, encore quelques jours, l’être en effet. Maintenant, à notre approche, il se retire avec la plus grande précipitation. Le bruit court que les débris de l’armée coalisée cherchent à se réunir à l’armée encore intacte que commande le prince de Schwartzenberg ; on dit que, dans deux ou trois jours, il doit se livrer une bataille qui fixera le sort de la France et l’illustrera à jamais.
Si nous sommes heureux, et je n’en doute pas, je vous écrirai de suite afin de diminuer le plus tôt possible l’appréhension affreuse qui, naturellement, viendra peser sur votre cœur sensible.
Je vous embrasse…
J’attends le résultat de cette nouvelle campagne pour remercier aussi amplement que je le dois notre cher parent et son aimable épouse de l’intérêt qu’ils n’ont cessé de prendre à mon sort.
Adieu…
P.-S. – Adressez toujours mes lettres au grand quartier-général.