Accueil TEMOIGNAGES Le mécontentement de l’armée…

Le mécontentement de l’armée…

Commentaires fermés
0
39

France 2

L’armée telle qu’elle fut sous l’Empire.

« La situation de Paris s’améliore; les ateliers, longtemps fermés, s’ouvrent successivement et les ouvriers en bâtiments donnent moins d’inquiétude. En résumé, le bonapartisme s’affaiblit chaque jour dans l’esprit du peuple, mais on ne peut pas dissimuler qu’il règne, parmi les militaires, un mécontentement qui n’a point encore cédé; il y a six mois, l’’armée était tout et elle ne saurait se résoudre à n’être plus que quelque chose. Elle a été nourrie dans un tel degré d’insolence envers tout ce qui n’était pas Bonaparte, qu’on ne peut aujourd’hui en obtenir du respect pour rien. Aussi, des personnages élevés parmi les militaires disent, hautement, que l’armée ne peut rien espérer d’un gouvernement de capucins, désignant de la sorte MM. De Talleyrand, de Montesquiou et Louis. Les maréchaux se servent encore, dans la conversation, du mot de pékin pour désigner tout ce qui n’est pas militaire, sans exception, et, pour le moindre caporal, le chancelier de France n’est encore qu’un pékin. Aux spectacles, dans les lieux publics et jusque dans les sociétés privées, les militaires promènent ce ton farouche et tranchant, ces détestables manières qu’il fallait subir autrefois et dont on est fort impatient aujourd’hui. Ils s’y répandent en moqueries, en jactance, en prétentions et y donnent leurs vœux pour des espérances.

Un général de beaucoup d’esprit et d’expérience et qui connait toute l’armée, le général Mathieu Dumas, prétend que le gouvernement fait fausse route avec elle, que toute, insolente, toute prétentieuse, toute mal élevée qu’on la suppose, elle a été, malgré ses défauts et malgré son extrême mécontentement de Bonaparte, depuis l’expédition de Russie, gouvernée, maîtrisée, sacrifiée avec une extrême facilité ; que le fond de son caractère est l’obéissance passive et que le Roi en fera tout ce qu’il voudra avec de la fermeté ; qu’il ne faut ni la caresser, ni la laisser dans l’incertitude, mais continuer de la maîtriser en tout et pour tout.

Rapport du comte Anglès en date du 3 juin 1814. (Georges Firmin-Didot, « Royauté ou Empire. La France en 1814. D’après les rapports inédits du comte Anglès », Maison Didot, Firmin-Didot et Cie Éditeurs, s.d. [1897], pp.24-26).

Charger d'autres articles liés
Charger d'autres écrits par Christophe
Charger d'autres écrits dans TEMOIGNAGES
Les commentaires sont fermés.

Consulter aussi

Phrase prémonitoire !

« Je suis persuadé qu’un long repos est impossible à Bonaparte et, qu’après qu’il aura ces…