Un rapport expédié à Louis XVIII par le comte Beugnot, directeur général de la Police de juin à décembre 1814, avant d’être remplacé par le comte Anglès. Beugnot est nommé par le Roi, ministre de la Marine. On voit, une nouvelle fois, que durant le séjour de Napoléon à l’île d’Elbe, l’imagination de certains n’a pas de limites.
Il est vrai qu’en France, on a toujours aimé les bruits et les rumeurs. Ceci est toujours valable aujourd’hui. Le développement d’internet et des réseaux sociaux ne fait qu’augmenter cette « exception française » quelque peu déplorable.
C.B.
Hautes-Alpes, 20 juin 1814. Entre autres bruits absurdes répandu dans le département des Hautes-Alpes, on a prétendu que le prince Eugène avait été empoissonné à Paris. Cette fable avait fait une fâcheuse impression, parce qu’il y a dans ce département beaucoup de troupes de l’armée d’Italie qui conservent un grand attachement à ce prince. On a débité aussi que les maréchaux Oudinot et Marmont s’étaient battus en duel, que le dernier avait été tué, et qu’à Lyon, Bordeaux, Nantes et aux principales villes du Royaume, il y avait deux partis fortement opposés qui se trouvaient en présence. Le préfet cherche à remonter à la source des ces fables qui n’ont point altéré la tranquillité publique.
(Source : Comte Beugnot, « Napoléon et la police sous la première Restauration. D’après les rapports du comte Beugnot au roi Louis XVIII. Annotés par Eugène Welvert », R. Roger et F. Chernoviz, Libraires-Éditeurs, sans date, p.28).