Durant le séjour de Napoléon à l’île d’Elbe, la police royaliste reste aux aguets. Voici ce que transmettait à Louis XVIII, son responsable, le comte Beugnot, le 11 juillet 1814.
« Loire. Inspecteur de la gendarmerie. Le 29 juin, il se passa à Saint-Etienne un événement. Les habitants manifestèrent des sentiments antifrançais. Le buste du Roi avait été un instant déplacé de l’hôtel de ville pour l’entourer des armes de France. Des malintentionnés saisirent cette occasion pour répandre que Bonaparte était de retour à Paris à la tête de 300.000 Turcs. Les ouvriers s’assemblèrent aussitôt tumultueusement. Des feux d’artifices furent tirés en signe de réjouissance. Un ancien militaire fut arrêté au moment où il tirait des coups de fusils pour manifester sa joie. Des patrouilles de gendarmerie dissipèrent ces attroupements et firent rentrer les ouvriers dans les ateliers. La nuit précédente, on avait affiché à la porte de l’église : Maison à vendre. Prêtre à pendre. Louis XVIII pour trois jours. Napoléon pour toujours. Une deuxième affiche portait : Vive l’Empereur et ses fidèles soldats ! Je charge M. le préfet de la Loire de rechercher avec le plus grand soin les auteurs présumés de pareils scandales et de ne rien négliger pour leur faire subir une punition exemplaire. »
(Source : Comte Beugnot, « Napoléon et la police sous la première Restauration. D’après les rapports du comte Beugnot au roi Louis XVIII. Annoté par Eugène Welvert », R. Roger et F. Chernoviz, Libraires-Éditeurs, sans date).