« 22 septembre 1814. Un bâtiment parut en vue[1]. Une chaloupe du port fut le reconnaître. Nous la vîmes se diriger avec le bâtiment hélé vers la baie de Marciana. Le départ de l’Empereur et celui du Grand-Maréchal ne nous laissèrent plus de doute. Nous nous réjouîmes et pour l’Empereur et pour nous tous de cette heureuse arrivée ; nous revenions des impressions peu favorables que nous causait l’indifférence de Sa Majesté l’Impératrice. Son entrée dans Porto-Ferrajo [Portoferraio] était annoncée. Les canonniers étaient à leurs pièces pour saluer par cent coups de canon cet heureux événement, mais ce fut un rêve ! Au bout de quatre jours, Sa Majesté rentra dans Porto-Ferrajo [Portoferraio] et le bâtiment fut en vue, sortant des eaux de Marciana. L’Empereur avait reçu la visite de la comtesse Walewska et du comte Walewski, son fils [2]… »
(Extrait des mémoires de Guillaume Peyrusse, trésorier de l’Empereur à l’île d’Elbe).
[1] Nous situons cet événement à la date du 1er septembre 1814. (Cf. note 25, p.224 de notre nouvelle édition du récit de Pons de l’Hérault [Les Editeurs Libres, 2005]). Frédéric Masson dans son « Napoléon et les femmes. L’Amour », (Paul Ollendorff, 1894, p.290), mentionne cet événement à la même date : « C’est à la nuit close qu’elle [Marie Walewska] débarque le 1er septembre ; elle trouve au port une voiture à quatre chevaux et trois chevaux de selle. Elle monte dans la voiture avec son fils ; sa sœur, qui l’accompagne, son frère le colonel Laczinski, en uniforme polonais, se mettent à cheval et l’on part sous un merveilleux clair de lune. »
[2] « L’Empereur avait connu Mme Walewska à Varsovie, lors de la campagne de Pologne. Le jeune garçon était fils de cette dame et de l’Empereur. C’est celui qui est connu à Paris sous le nom de comte Walewski [Alexandre Walewski, 1810-1868]. Mme Walewska avait dû être, dans son jeune âge, une fort belle personne. Bien qu’ayant, lors de son voyage à l’île d’Elbe, la trentaine et peut-être quelque chose de plus [née en 1786, elle avait vingt-huit ans], elle était fort bien. (Ali, « Souvenirs.. », Arléa, 2000., p.85). A propos de son fils, Ali précise (à la même page) que « le jeune Walewski était un gentil garçon, déjà grandelet [il avait quatre ans], la figure un peu pâle ; il avait quelque chose des traits de l’Empereur. Il en avait le sérieux ».