Rappelons au passage, que le général Clarke(1765-1818) duc de Feltre, ministre de la guerre (de 1807 à 1814) s’empressera de servir avec zèle les Bourbons. Sous la première Restauration, il est membre de la chambre des Pairs, puis pendant neuf jours (du 11 mars au 20 mars) il est de nouveau ministre de la Guerre. Lors de la seconde Restauration, au retour de Louis XVIII, il occupe ce même poste ( à partir du 26 septembre 1815) et s’applique à licencier l’armée et à faire poursuivre arbitrairement tous les militaires qui ont servi l’Empereur avec dévouement. Il rétablit les Cours Prévôtales, véritables tribunaux d’inquisitions, chargées de poursuivre les intéressés…
Clarke est nommé maréchal de France par Louis XVIII en juillet 1816. Connaissant des problèmes de santé, il quitte le Ministère de la Guerre en septembre 1817.
Je conseille à chacun de lire un jour les deux volumes d’Edouard BONNAL, « Les Royalistes contre l’Armée (1815-1820) », Librairie Militaire R. Chapelot et Cie, 1906, 2 volumes. On comprendra mieux le « saccage » de l’armée, son épuration, les jugements arbitraires, emprisonnements et autres exécutions sommaires, de tous ceux soupçonnés d’être ou d’avoir été favorable à Napoléon. Le règne absolu de l’arbitraire comme jamais il n’avait été en France, y compris sous l’Empire !
Louis XVIII n’a pas été le fédérateur de tous les Français. Bien au contraire !
C.B.
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[Pièce n°6225].Paris, 22 novembre 1813.
Je désire que vous ne donniez pas d’ordres de mouvements sans me les avoir soumis. A quoi about-il d’envoyer des vétérans espagnols de Namur à Milan ? Donnez ordre qu’on désarme cette compagnie et qu’on la laisse dans la première petite place où on pourra l’arrêter. Elle y fera le service de police. Si Auxonne est sur sa route, vous pourriez la placer dans cette ville. Les fusils de cette compagnie nous seront utiles ;
Vous ordonnez de faire diriger 500 conscrits de Toulon sur Mayence. Il y a bien loin. Si ces conscrits sont italiens, envoyez-les à Lyon où ils seront incorporés dans le 24ème de ligne ; ils y seront habillés et de là, ils auront une destination. S’ils sont Français, envoyez-les sur Gênes où ils seront incorporés et habillés dans les régiments qui sont dans cette ville.
Est-ce qu’il y a à Montmédy un régiment d’infanterie de Berg ? Faites-moi un rapport à ce sujet. Ne pouvant pas me fier à ces troupes mon intention n’est pas de leur donner des armées ; je leur donnerais des pioches ou des piques ou mêmes de très mauvais fusils avec lesquels ils feront un service dans l’intérieur.
(Arthur CHUQUET, « Ordres et Apostilles de Napoléon (1799-1815. Tome quatrième », Librairie Ancienne Honoré Champion, Éditeur, 1912 pp.351-352).