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A Nantes et à Lyon…

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« 30 Novembre 1814. — Ces jours derniers, il a été ramassé, dans un corridor du théâtre de Nantes, deux cartes sur lesquelles on répétait la fable de la descente de Bonaparte en Italie, avec un corps de troupes. Une vingtaine d’autres cartes semblables ont été trouvées, en paquet, dans un des coins sombres du théâtre et ont été aperçues par un des commissaires de police. Il est évident que quelques individus sont, en ce moment, animés d’un esprit d’animosité contre le gouvernement. Depuis quelque temps, les preuves s’en multiplient à Nantes, mais le préfet me fait remarquer qu’elles portent un caractère de précaution et de lâcheté, car nul ne se compromet. Ce sont des lettres anonymes, des billets jetés durant la nuit, des propos dont on ne saurait trouver la source.  […] Les nouvelles que je reçois de Lyon confirment cet état d’animosité contre le gouvernement actuel, car j’apprends que des perturbateurs, en sens inverse des ultra-royalistes, ont essayé quelques manœuvres. Une ode contre les Bourbons et en faveur de Bonaparte a circulé, manuscrite, dans la ville. L’un des commissaires de police s’en est procuré une copie et l’a remise au préfet, M. de Bondy, Il s’est aussi procuré une médaille de plomb que les bonapartistes portent à un cordon noir, en signe de ralliement. Cette médaille, de la dimension d’un petit écu, offre d’un côté l’effigie de Bonaparte avec cette légende : « Napoléon Ier empereur des Français » et, de l’autre, un aigle couronné avec ces mots en exergue : « Il vint à Lyon le 20 germinal an 13 ». L’individu qui en était porteur sera interrogé; rien ne sera négligé, pour découvrir l’atelier où se frappent ces médailles qui offrent tous les caractères d’une fabrication récente. « 

(Georges FIRMIN-DIDOT, « Royauté ou Empire. La France en 1814. D’après les rapports inédits du comte Anglès », Maison Didot, Firmin-Didot et Cie, Éditeurs, 1897, pp.164-166).

 

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