« On ne saurait imaginer les propos dégoûtants dont étaient infectés les journaux n’ayant de français que le nom, ni avec quelle rage absurde ils cherchaient à ravaler le grand homme, dont la chute même ébranlait le monde. Il est sans cesse présent à ma pensée ce 1er janvier 1815.
J’avais, ce jour-là, l’honneur de dîner à la table de Sa Majesté, lorsque tout à coup l’Empereur, sortant un journal de sa poche (c’était, je crois, le sordide Journal des Débats), se prit à dire :
« Lisez, messieurs, lisez ! Je suis fou ! … »
Et dans ce moment peut-être cet immortel génie calculait son retour glorieux au sein de la Patrie ! Sublime fou, qui, rêvant la gloire et le bonheur de la France, fut arrêté à moitié chemin ! »
(Extrait du témoignage de l’adjudant-major Etienne Laborde, publié la première fois en 1840. Son récit est contenu dans mon ouvrage « Napoléon, la dernière bataille. Témoignages, 1814-1815 », Omnibus, 2014).