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L’Empereur marche vers Paris…

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Napoléon le Grand2

 « 10 Mars 1815. — A la joie et aux calculs de confiance qui se répandaient, hier, dans Paris, lorsqu’on croyait que Bonaparte n’osait pas avancer au-delà de Gap, ont commencé à succéder, ce matin, les bruits de Grenoble, qui aurait été pris avec trois cents pièces de canon qui s’y trouvaient; puis, on a appris la trahison des troupes qui avaient marché contre l’ennemi et l’assassinat du Général Marchand [ce qui est inexact], qui avait tenté de les retenir. Les esprits se sont assombris, bien davantage encore, lorsqu’on a appris, ce soir, qu’il avait été communiqué aux Chambres une dépêche télégraphique portant que Bonaparte était arrivé à Bourgoin, qu’il menaçait Lyon et que les princes avaient dû évacuer ce matin cette ville. Ces tristes nouvelles, sans être encore arrivées aux casernes, aux faubourgs, couraient de bouche en bouche et imprimaient une sorte de stupeur. Comme les sentiments sont presque toujours extrêmes, parmi nous, on était déjà tenté de conclure que rien n’arrêterait la marche du Corse, de Lyon à Paris, et qu’une défection générale était probable, moins encore de la part des généraux et des officiers, que des soldats, qui, n’ayant rien à perdre, craignent moins de se compromettre et devancent leurs chefs. Les délibérations secrètes des Chambres ont fait penser qu’on s’y occupait d’arrestations et qu’elles frapperaient les principaux instruments civils ou militaires du dernier gouvernement. Aussi, m’assure- t- on que la plupart d’entre eux ont découché de leurs maisons, qu’on les y chercherait en vain la nuit, car les uns se tiennent hors de chez eux et les autres y sont armés pour se défendre, si on vient les saisir et se donner ainsi le temps de fuir. Néanmoins, ces gens, malgré leurs alarmes personnelles, paraissent pleins d’espoir que la cause de l’usurpation va triompher, sans qu’ils s’en mêlent, par le seul mouvement des troupes qu’ils prétendent n’être pas disposées à se battre les unes contre les autres, dès que l’exemple de passer à Bonaparte a été donné par quelques corps. »

(Georges Firmin-Didot, « Royauté ou Empire. La France en 1814. D’après les rapports inédits du comte Anglès », Maison Didot, Firmin-Didot et Cie, Éditeurs, 1897, pp.283-285).

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