« Avec plus d’habileté, les journaux anglais séparaient la cause de la France de celle de Buonaparte
« N’avons-nous donc aucun intérêt, disait le Sun, au repos de l’Europe ni au sort de la France? Pouvons- nous rester tranquilles quand la maison de notre voisin brûle? Le bonheur de tous les peuples tient au trône des Bourbons. »-« Si les malheurs attachés à l’usurpation du Corse sanguinaire, disait le Times, atteignaient seulement ceux qui se sont mis bassement sous son joug, nous pourrions désirer que l’on abandonnât ces misérables aux calamités qu’ils ont si bien méritées. Mais le but pour lequel ses compagnons de scélératesse ont appelé ce brigand, ce monstre chargé de tant de crimes et d’horreurs, est le pillage de l’Europe. » Le Morning Post, l’Evening Star, l’Observer, le Courrier tenaient le même langage. Au milieu de ce déchaînement un seul journal, le Morning Chronicle, osa prendre la défense de Napoléon et réclamer pour la France le droit d’avoir le gouvernement qu’elle voulait : « Napoléon a reconquis en quinze jours le trône dont il n’avait pu être renversé par toute l’Europe qu’après un si grand nombre d’années. Il n’est rien de pareil dans l’histoire. L’attention du Parlement sera certainement attirée par la politique condamnable qui tend à renouveler la guerre. Il n’est d’aucune importance qu’un Bonaparte ou un Bourbon soit sur le trône de France. »
(Henry HOUSSAYE, « 1815. La première Restauration.-Le retour de l’île d’Elbe.-Les Cent-Jours », Perrin et Cie, 1893, pp.454-455)