« Les documents administratifs contiennent peu d’indications.sur l’altitude du clergé envers l’Acte additionnel, bien que la nouvelle constitution ail condamné les dîmes et tout culte privilégié et dominant #, les prêtres paraissent s’en être rarement souciés. Ils s’efforçaient surtout de nuire aux mesures militaires de l’Empereur. Certains ecclésiastiques, pourtant, sont signalés connue fort hostiles à l’Acte additionnel. Le général Chabert écrit a Carnot que le curé des Adrets, village de l’Isère, a « empêché les habitants de sa commune d’émettre leur vœu pour la constitution, en leur disant que c’était pour voter la mort de Louis XVIII. » De même le préfet du Bas-Rhin, de Bry, expose à Carnot que nobles et prêtres d’Alsace ont travaillé de concert à multiplier les abstentions, « Ils sont parvenus, dit-il, à persuader aux crédules habitants des campagnes que l’inscription sur la liste des votants, que dis-je, l’assistance aux assemblées, l’acquittement de l’impôt, l’obéissance aux lois étaient autant de litres de proscription, que les agents du prétendant en tenaient registre, et que l’ennemi serait l’exécuteur eu grand des châtiments que ce prétendant et la Providence leur réservaient». Il est clair que dans l’ancien clergé constitutionnel, où les dévouements pour l’Empereur ne manquaient pas l’Acte additionnel dut compter beaucoup de partisans. Méconnaître comment ont voté les prêtres constitutionnels serait un travail fort intéressant, mais qui exigerait les plus minutieuses recherches. Il est à ce sujet un fait très précis. Léon Radiguet, d’après les registres des Archives Nationales, mentionne le vote chaudement approbatif du curé d’Amayé-sur-Orne, localité du Calvados. En réalité simple desservant, ce prêtre, nommé Jean-Jacques Letourneur, n’était autre qu’un ancien curé constitutionnel de Torteval, autre bourg du Calvados. En tout cas, il y eut des adhésions notoires de prêtres catholiques à l’Acte additionnel. Le Patriote de 1789, dans son numéro du 8 mai 1815, inséra une lettre qui rapportait un prône d’un curé rural en l’honneur de l’Acte additionnel : le curé compara la constitution à la Sainte Trinité, puisque l’Acte avait organisé « trois grands pouvoirs qui n’en font qu’un, savoir la Chambre des Représentants, la Chambre des Pairs, le Pouvoir exécutif », et il fit ensuite l’éloge de cette « Trinité politique, qui, une el indivisible, peut seule assurer le bonheur de la nation ».
(Emile LE GALLO, « Les Cent-Jours. Essai sur l’histoire intérieure de la France depuis le retour de l’île d’Elbe jusqu’à la nouvelle de Waterloo », Librairie Félix Alcan, 1923, pp.493-494)