« Peu de temps après la publication de l’acte additionnel, parut, dans le Moniteur, la fameuse note émanée du congrès de Vienne, et adressée à lord Castelreagh , par le comte Clancarty. Napoléon y recevait le sanglant affront que lui eussent épargné ses amis véritables, bien convaincus qu’il n’y avait pas à transiger avec les rois confédérés, et que loin de mendier leur amitié, il fallait leur lancer des proclamations insurrectionnelles. Le congrès déclarait qu’après avoir pris lecture de la lettre de Bonaparte à S. M. l’Empereur, ainsi que des dépêches de M. de Caulaincourt au prince de Metternich, il avait été décidé qu’il ne serait point fait de réponse à ces communications. En conséquence les rois assemblés proclamaient Napoléon comme un obstacle à la paix de l’Europe, et tout en reconnaissant les droits des Français à se choisir la forme de gouvernement qui leur conviendrait, ils ne pouvaient consentir à les laisser mettre à leur tête un homme aussi dangereux pour l’Europe que Napoléon Bonaparte. Quel parti il pouvait tirer de cet insolent manifeste! Tous ces outrages furent dévorés avec une incroyable humilité ; car c’était aussi demeurer par trop humble que de ne pas riposter par une déclaration de guerre lancée jusqu’au droit divin, siégeant sur les trônes d’où venait de descendre l’anathème au droit du peuple. Napoléon avait encore au front, une goutte d’huile tombée de la main du Pape; elle sauva sans contredit alors le principe monarchique en Europe. Et pourtant la Sainte-Ampoule elle-même n’a pu garantir de la foudre populaire tous les fronts qui s’étaient courbés, au maître autel de Reims ! »
(E. LABRETONNIERE: « Macédoine. Souvenirs du Quartier Latin dédiés à la jeunesse des écoles. Paris à la chute de l’Empire et durant les Cent-Jours », Lucien Marpon, Libraire-éditeur,1863, pp.243-244).