Voici une lettre de Guillaume Peyrusse (Payeur de l’Empereur) à son frère André. Elle est extraite de l’un de mes livres favoris (publié par Léon.-G. Pélissier , chez Perrin en 1894), déjà cité ici, et qui rassemble la correspondance entre Guillaume et André entre 1809 et 1814.
C.B.
Sommepuis, le 21 mars 1814.
J’ai joint hier Sa Majesté à Plancy, mon cher André. Nous sommes partis aussitôt pour Arcis-sur-Aube. On ne comptait pas y trouver l’ennemi en force, parce qu’il avait caché ses masses derrières des rideaux boisés. Mais, comme il vaut lieux prévenir son ennemi que d’être attaqué, sa Majesté a commencé l’attaque à trois heures. Elle a duré jusqu’à dix heures du soir. Le feu a été très vif sans être meurtrier. Le tout n’a eu d’autre résultat que de bien connaître à la fois la force et la position de l’ennemi. C’était le corps de Wrède avec eux divisions autrichiennes. Il n’y a pas eu de pertes marquantes. Les généraux Corbineau et Krasinski ont été blessés. Le général Drouot et le duc de Dantzig [maréchal Lefebvre] ont eu des chevaux tués. Ce matin l’ennemi présentait moins de force. Cependant on s’attendait à une affaire, mais Sa Majesté qui avait annoncé hier soir qu’elle voulait se porter sur Vitry a fait son mouvement ce soir en présence de l’ennemi, et nous marchons sur Vitry, d’où nous ne sommes qu’à quatre petite lieues. L’ennemi a remué un peu de terre à Vitry, mais il faudra du canon et nous verrons demain…. Adieu, bon soir. Il est minuit, et je veux profiter d’un courrier pour te donner signe de vie. La manœuvre de Sa Majesté paraît hardie. Dieu veille la couronner d’un succès heureux ! Sa Majesté assure que l’ennemi n’ayant pas de plan, il faut l’étonner par des manœuvres et se porter tantôt sur ses flancs, tantôt sur ses derrières.