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Lettre du caporal Charles-Joseph Vanesse, du 8ème de ligne.

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Ombre 2

Muninchen [München : Münich], 16 Octobre 1805 

Mes Très Chers Parents,

J’ai l’honneur de vous écrire la présente espérant qu ‘elle vous trouvera dans une aussi parfaite santé que la mienne. Je vous communique, par la présente, que voilà deux cents lieues que nous faisons ; nous avons traversé toute l’Hanovre, la principauté du prince de Escassel [Cassel], la Franconie, une grande partie de la Prusse, et la Bavière où nous sommes dans la ville Capitale, voici quatre jours, pour recevoir l’ordre du départ ;
pour nous battre avec les Autrichiens qui sont à six lieues d’ici, on nous a donné  à chaque 50 cartouches. Nous avons avec nous 25 mille hommes de Bavarois, une grande partie de Hollandais, et l’on dit approchant deux cent mille Français.
Il y a déjà eu quelques batailles de faites, avec les Bavarois et quelques troupes de chez nous. Enfin que l’on a pris, en tout, approchant 16 à 17 mille prisonniers de l’ennemi et quelques pièces de canons.
Il se fera, mes Chers Parents, une terrible bataille pour passer l’Inn qui est à 12 lieues d’ici et, si nous le passons, nous parcourrons jusqu’à Vienne, et même plus loin, car on tâchera de détrôner l’Empereur. Ah, puis-je m’échapper de ce malheureux spectacle qui va se présenter à mes yeux, afin que je puisse avoir le bonheur de vous revoir encore, et de vous conter les aventures qui me seront arrivées, et ce que j’aurai souffert dans ce malheur ? Nous avons bivouaqué 15 jours qu’il n’a fait que tomber de l’eau et de la neige sans cesser. Il nous a manqué du pain pendant deux jours, de manière que quand nous arrivâmes sur la position, ayant fait 7 à 8 lieues, il fallait, pour lors, chercher des vivres à une lieue, deux lieues, où on pouvait les trouver ; le 11 dudit j’ai encore tué un mouton, pour faire la soupe, et demandé un pain où je n’ai eu qu’un morceau. Ainsi, je vous laisse à penser les choses que l’on est forcé de faire en campagne, nombre d’autres que je ne vous exprime ci-dessus. Je ne doute que vous aurez reçu les deux lettres que je vous ai écrites l’autre envoyée par un caporal et l’autre par la poste. Vous me ferez part, par la 1ère que vous m’écrivez, si ma sœur a reçu une tresse de cheveux garnie en or, que j’avais mise dans la lettre envoyée par le Caporal. Je finis en attendant l’honneur de vous réécrire de bonnes ou mauvaises nouvelles. 

Votre très humble et très obéissant serviteur. 

 VANESSE Charles.

P.S. Bien des compliments à Maman, frères, sœurs toute la famille et amis, et embrassez-les pour moi. Adieu, peut-être à jamais. Je vous ferai part si tout va bien à mon avantage. 

L’adresse : A Monsieur VANESSE, Caporal à la 8ème Compagnie, 1er bataillon, 8ème Régiment de Ligne, l’Armée commandée par M. le Maréchal Bernadotte 

Quand vous m’écrirez, vous demanderez à Monsieur Roydeau, le capitaine de recrutement, en quelle position est le 8ème Régiment.  

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