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Une lettre du dénommé Jubinal au notaire Couffille, durant la retraite de Russie….

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Ce Jubinal était sous-chef à la division des Procès-verbaux et Comptabilité de la Secrétairerie d’Etat. Couffille était notaire à Luz, petite ville des Pyrénées-Orientales. 

Arthur CHUQUET.

Au bivouac de Iaskowo, 3 novembre 1812. 

Vous serez étonné, mon cher Couffille, comme je l’ai été moi-même en apprenant le malheureux sort de M. Trassens. Vous le croyiez à Riga et je l’y croyais moi-même d’après vous. Eh bien non ! Il est à Moscou ! J’y suis resté plus d’un mois et je n’ai su que le dernier jour qu’il y était, et voici comment. Les 9/10ème de cette ville ont été réduits en cendres dès les premiers jours de notre entrée. Parmi les habitants que nous y avons trouvés quatre ou cinq cents Français en faisaient partie. Tous ont été plus pu moins victimes de l’incendie et tous surtout étaient réduits à n’avoir pas de pain. Sur les réclamations qu’ils firent, il leur fut donné des secours en argent, par ordre de l’Empereur. La liste de ces Français m’est tombée dans les mains et j’y ai lu le nom de J.-B. Trassens de Vici âgé de 60 ans, instituteur en Russie depuis 13 ans. Il n’y a pas de doute que ce ne soit pas là votre oncle. Ce n’est que le 18 octobre que j’ai pu voir cette liste et je suis parti de Moscou le 19.  Un ou deux jours de séjour de  plus, je me serais empressé de le voir et de lui parler. S’il était à  Riga, il s’était donc éloigné de cette ville à l’approche de l’armée et il était venu se réfugier à Moscou, comme devant être plus en sûreté, car personne ne s’attendait à voir les Français s’emparer cette année de cette ancienne capitale de la Russie.  Votre oncle doit être bien malheureux aujourd’hui, s’il a survécu à la destruction du reste de cette ville.

Vous en ressentirez, je suis sûr, ainsi que moi une bien grande peine ! 

Je vous écris cette lettre au bivouac sur mes genoux et dans la voiture, l’armée est en marche pour prendre ses quartiers d’hiver. 

JUBINAL.

 

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