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César Berthier

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César Berthier

Lettre de César Berthier, le frère du grand Berthier [le maréchal], le Berthier que peint Desaix, « grand, froid, figure longue et noire, parlant peu », le Berthier dont Courier disait : « Combien de Laridons passent pour des Césars, sans parler de César Berthier ! » Gouverneur de la Corse, il jette un cri de détresse. Il voit les Corses se détacher de la France et il n’a plus de sou : il veut revenir en France, toucher ses appointements, servir Louis XVIII et les Bourbons qui « ont toujours été dans son cœur » ! La lettre est adressée au ministre de la Guerre, le général Dupont, et fut sans doute écrite au mois de mai 1814.

Arthur CHUQUET.

 

Monsieur le comte, permettez-moi de me rappeler à votre souvenir, et de vous prier de me faire connaître les intentions de Sa Majesté à mon égard. Je suis dans une position bien pénible, moi et tous les Français qui sont ici. Mon traitement, comme gouverneur, était de cent mille francs ; depuis quatre mois, je ne reçois plus rien et je fais des dépenses très fortes dans les circonstances critiques où se trouve la Corse. N’existant plus aucun fonds dans les caisses depuis cinq mois, j’ai dû, de ma poche et de mes économies, fournir à toutes les dépenses et prêter à des officiers qui mouraient de faim, et actuellement, pour payer les gens du pays employés pour maintenir la tranquillité : nous en sommes réduits à vendre nos effets. Daignez venir à notre secours et me faire connaître le sort de la Corse. Elle est tellement montée pour les Anglais que le parti français est presque anéanti et que nous sommes nous-mêmes très exposés. Il est possible que je sois même forcé, et, si je le puis, de quitter l’île au premier moment. Les troupes qui restent ne sont point françaises ; elles ne sont pas payées, et elles sont influencées par l’Angleterre; elles sont plutôt contre nous. Quant à moi, je désire connaître mon sort. J’ai besoin de servir ; je n’ai quitté notre malheureux Louis XVI qu’à sa mort, et je servirai Louis XVIII avec le même zèle et la même fidélité. La race des Bourbons a toujours été dans mon cœur. Je n’ai point de fortune, je n’ai rien que mes appointements et j’ai bien servi. Veuillez avoir la bonté de penser à moi; je me recommande à votre amitié et à vos bontés.

 

(Arthur CHUQUET, « L’Année 1814. Lettres et Mémoires », Fontemoing et Cie, Éditeurs, 1914, p.278-279)

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