De tous côtés, l’invasion, Le maire de Phalsbourg, Parmentier, écrit au préfet de la Meurthe qu’il a vu arriver dans la ville nombre d’Alsaciens qui fuient devant l’ennemi. Les Cosaques approchent, mais, conclut Parmentier, s’ils viennent, les Phalsbourgeois sauront les recevoir.
4 janvier 1814.
Hier nous avons eu l’idée de la désolation. Un grand nombre d’habitants du Bas-Rhin sont arrivés dans nos murs, traînant à leur suite leurs femmes, leurs enfants : ils étaient chassés par l’inquiétude, que leur inspiraient les Cosaques qui, hier soir, ont eu l’impertinence de se glisser jusqu’à Haguenau où ils ne sont restés que quelques heures. Ils avaient passé le Rhin entre Beinheim et Seltz, mais dans l’intention seulement de favoriser un passage plus sérieux qui s’effectuait à Mannheim. Le maréchal Marmont s’est porté à la rencontre de l’ennemi ; mais il n’était point en force et on dit qu’il a été obligé de se rejeter sur Mayence. Le duc de Bellune [maréchal Victor] vient de prendre position sur la côte de Saverne avec son corps d’armée. Si ce passage est bien défendu, J’espère que ces Messieurs ne viendront pas jusqu’à nous. Dans tous les cas je vous promets que nous les recevrons en Phalsbourgeois, je veux dire en patriote. Car il serait difficile de manifester un meilleur esprit que celui dont je suis journellement témoin.
(Arthur CHUQUET, « L’Année 1814. Lettres et Mémoires », Fontemoing et Cie, Éditeurs, 1914, p.7).