Suite de ce bon témoignage sur 1813…
Le 5 septembre, l’organisation de la Jeune Garde fut changée. Elle fut formée en quatre divisions. Je continuai à commander la brigade qui resta une partie de la journée dans sa position de nuit.
Les 6 et 7, nous continuâmes notre marche pour arriver à Dresde, à 11 heures du matin. Nous restâmes dans la rue jusqu’à 5 heures du soir sans pouvoir être logés. Le 8, on nous fit passer la revue d’inspection en grande tenue, à 10 heures du matin. Un instant après je reçus l’ordre de partir de suite et aillai bivouaquer à Lichau.
Le 10, le régiment fournit cent hommes pour une reconnaissance envoyée à Hollendorf afin de communiquer avec le général Mouton-Duvernet. Le 11, une autre reconnaissance fut envoyée au général Ornano, pour le même objet.
Le 12, une division vint se placer sur notre gauche au fon de la vallée.
Le 14 au matin, le 1er corps attaqué par l’ennemi dut battre en retraite. Le 2ème régiment de Tirailleurs fut envoyé à son secours à l’instant où l’ennemi s’emparait de la crête des montagnes. Une compagnie de ce régiment placée en embuscade attendit l’ennemi et fit feu à bout portant en lui tuant cinq hommes et en blessant plus de trente. L’ennemi fut repoussé de toutes les positions dont il s’était emparé et l’on continua à se tirailler jusqu’à la nuit.
Le 15, la brigade resta sur ses positions.
Le 16, la division se porta en avant, la brigade prit position sur une hauteur à gauche de Peterswaldau et y resta le 17.
Le 18, marche rétrograde jusqu’à Hollendorf. Le 1er corps se trouvant engagé nous nous portons à son secours marchant toute la nuit. Arrivés à Zeitz nous prîmes position à l’entrée du village, dans des vergers. Nous y restâmes les 19 et 20 par un temps détestable dans la boue jusqu’à mi-jambes manquant de paille et de bois. Les soldats se couchaient dans la boue et ressemblaient à des diables.
Le 22, nous nous rendîmes à Lohnen.
Le 23, on entendit une forte canonnade sans en connaître les résultats.
Le 24, je reçus l’ordre de venir avec ma brigade occuper les hauteurs de la droite de l’Elbe face à Pirna.
Le 25, le régiment logea à Pirna.
Le 26, à Sporivitz.
Le 27, le régiment garde le pont de Pilnitz.
Le 28, il fut relevé par une brigade de la 4ème division et s’en fut camper près de Zschakivitz.
Le 2 octobre, nous reçûmes l’ordre de nous rendre à Plauen, afin de passer la revue de l’Empereur. La division était réunie en arrière de ce village lorsque l’on vint nous dire que S.M. ne viendrait pas. Je reçus l’ordre d’aller à Tharand. Nous y restâmes jusqu’au 4.
Le 5, à Fodergorsdorf.
Le 6, à Wildsruf
Le 7, à Wolckisch.
Le 8, à Deutsch-Lupé.
Le 9, nous trouvâmes trois cents Cosaques au village de Teplitz. Ils furent vite délogés et eurent trois hommes tués. Bivouac à Bohlitz.
Le 10, à Düben.
Le 11, à Luivast.
Le 12, alerte à deux heures du matin, nous restons sous les armes jusqu’à sept, puis nous nous mîmes ne marche.
Le 13, bivouac sur la route de Leipzig, près du village de Rothe-Halm.
Le 14, non nous fit partir en toute hâte sans attendre les hommes de corvée ou de garde. La division prit position à une lieue de Leipzig sur la route de Halle. Nous y restâmes une heure puis continuâmes la route. Nous mîmes quatre heures avant d’atteindre Leipzig tant les routes étaient encombrées.
Le 15, le régiment reçut un détachement venant des dépôts et on fit l’achat de plusieurs centaines de paires de souliers. Depuis le départ de ses cantonnements, le 6 octobre, les soldats n’avaient pas reçu une mie de pain. On conçoit dans que état se trouvait l’armée. De plus la pluie et les mauvaises routes avaient réduit nos soldats à la plus grande misère. Ils étaient vêtus de haillons et marchaient les pieds nus ce qui arrachait des larmes aux officiers qui n’avaient pas perdu tout sentiment d’humanité.
A suivre…
(Général Vionnet de Maringoné, « Mes Campagnes. Russie et Saxe (1812-1813) », A la Librairie des Deux Empires, 2003).
Sur ce personnage, voir cette page :
http://jeanmichel.guyon.free.fr/monsite/histoire/vionnet/generalvionnet.htm