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Un dragon dans la campagne de France…(2)

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Montereau

Suite du témoignage Gougeat, dragon à cheval au 20ème régiment.

« Un jour que ma compagnie état de grand’garde, dans une prairie, devant le village de Saint-Aubin, un général nous envoie l’ordre de nous renseigner sur la nationalité d’un grand poste établie à quelque distance de nous. La compagnie s’avance de ce côté, mais elle est arrêtée par un ruisseau large et profond qu’aucun de nos dragons ne peut franchir ; seul le capitaine de Marcy, monté sur son magnifique cheval isabelle, le saute avec la plus grande aisance, et s’approchant du poste suspect, il crie d’une voix forte : « Qui vive ? » C’étaient des cuirassiers autrichiens. A l’audacieuse provocation de l’officier français, ils répondent par une décharge générale de leurs mousquetons, dont les balles passent en sifflant aux oreilles de celui-ci, mais sans l’atteindre ; puis ils foncent sur lui. Sans se presser beaucoup et avec le plus grand sang-froid, mon capitaine revient au ruisseau qu’il franchit avec la même facilité que la première fois et, lorsque les Autrichiens sont arrivés, à leur tour, au petit cours d’eau qu’ils ne peuvent passer, il fait tirer dessus par ses dragons qui en tuent deux.

Nous descendons au-dessous de Nogent, toujours en côtoyant la Seine. Nous passons le fleuve à Montereau et nous allons occuper un petit village appelé Chennevières, qu’on dit être à 4 lieues seulement de Paris ; nous n’y restons que quelques jours.

En revenant sur la Seine, notre armée poursuit et refoule jusque dans Montereau un corps de troupes alliées. Nous sommes remplis d’ardeur et d’enthousiasme; nous nous croyons déjà sur le Rhin.

La ville de Montereau et ses coteaux sont garnis de troupes ; un combat acharné s’engage dans a la ville même et sur les hauteurs. Après une résistance longue et opiniâtre, les armées ennemies essuient une défaite complète ; elles fuient de toutes parts, poursuivies par notre cavalerie qui passe le pont à leur suite, ma compagnie une des premières.

Au moment où notre artillerie  va s’engager à son tout sur pont long et étroit, on jette dans la rivière de nombreux cadavres d’hommes et de chevaux qui obstruent ou gênent le passage. Resté en arrière de ma compagnie, je profite, pour traverser, d’un petit intervalle laissé libre pendant le défilé de l’artillerie et je me trouve avec un de nos officiers nommé M. Robin, qui, comme moi, a été séparé du régiment dans un de ces moments de confusion si fréquents dans les engagements de cavalerie.

M. Robin et moi, nous nous efforçons, mais vainement, de rejoindre le 20ème dragons dont nous ne connaissons que très imparfaitement l’itinéraire. Enfin, après 17 jours de marche et de recherches, nous le trouvons campé  dans les vignes d’Essoyes, gros bourg situé près de Bar-sur-Seine. »

 

A suivre.

(Témoignage publié la première fois en 1901 dans le « Carnet de la Sabretache » ; réimprimé en 1997 par Teissèdre).

 

 

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