« J’ai fait arrêter aujourd’hui un sieur Bertrand, officier de grenadiers à cheval de l’ex-Garde Impériale, maintenant à la demi-solde, logé rue des Vieux-Augustins à Paris. Il sera interrogé avec le plus grand soin, parce que je le faisais observer depuis plusieurs jours, et que c’est un des militaires les plus dangereux qu’il y ait à Paris. C’est un homme hardi et entreprenant, tenant les propos les plus effroyables contre le Roi et la famille royale, proclamant comme inévitable une révolution prochaine en faveur de Bonaparte, cherchant à se faire des prosélytes, se disant en relations étroites avec plusieurs généraux, mais déclarant qu’il subirait la mort plutôt que de les nommer, parlant de millions dont il connaît le dépôt, de deux cents hommes dont il serait déjà sûr. Son arrestation même n’a point abattu son audace. Il se montre plus menaçant que timide ; il fait le mystérieux et prétend que s’il voulait dire un mot, il obtiendrait de suite sa liberté. J’aurai l’honneur de rendre compte au Roi du résultat de ses interrogatoires et des renseignements qu’on en tirera. »
(« Napoléon et la police sous la Première Restauration. D’après les rapports du comte Beugnot au roi Louis XVIII. Annotés par Eugène Welvert », R. Roger & F. Chernoviz, Libraires-Editeurs, s.d., p.298, extrait du bulletin en date du 2 décembre 1814).