« Il m’est bien permis, mon cher Lavalette, d’être cette fois en colère contre toi. Comment tu annonces à tout le monde la perte que tu viens de faire et je suis le seul qui l’ignore. Rends donc plus de justice à mes sentiments pour toi. Vas mon ami, ma position n’a point changé mon cœur et ne le changera jamais. Il est encore tel que tu l’as connu, plein d’intérêt pour ceux qu’il aime et toujours prêt à partager leur peine et leur chagrin. Je suis donc celui de tes amis qui ait appris avec la plus vive affliction la perte de ton père parce que j’ai compris ta douleur et parce que tu voulais me priver de la partager. Adieu mon bon Lavalette. Aujourd’hui je ne te parlerai pas d’affaires. Quand le cœur est affecté tout le reste est indifférent. Je t’embrasse ainsi que mon aimable cousine.
Ton sincère ami.
Eugène N. [Napoléon]
Monza [Italie], 10 octobre [1808] au matin. »
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C’est en 1808 que Lavalette perdit son père. Il est à souligner qu’il avait épousé en 1798 Emilie de Beauharnais, cousine d’Eugène. La comtesse de Lavalette est restée dans l’Histoire pour avoir pris la place de son époux , condamné à mort le 21 novembre 1815, par Louis XVIII. Cela lui permit de s’échapper de la Conciergerie, à Paris, le 20 décembre, la veille de son exécution ! Ses « Mémoires » sont à lire.