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A propos des Alliés à Paris en 1814…

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1814 à Paris

« Les Alliés furent très étonnés, à leur entrée dans Paris, de la manière dont on les accueillit. On les reçut comme des amis. Les femmes surtout, voyant en eux des libérateurs, garnissaient toutes les fenêtres, saluaient de la voix et du geste. Un jour nos descendants auront le rouge au front en lisant cette page honteuse de notre histoire. Je me hâte de dire que cet aveuglement ne fut pas de longue durée. Au bout de quelques jours, les alliés purent s’apercevoir qu’ils n’étaient pour nous que des ennemis. Avant le 15 avril, bien des gens furent honteux de ce qu’ils avaient dit et fait le 30 mars. Les Alliés prétendus ne furent que des ennemis plus à redouter que la guerre la plus cruelle. Les femmes évitaient la société des officiers logés dans nos maisons ; on désignait du doigt, on huait celles qui osaient se montrer en public avec eux. Le jardin du Luxembourg renfermait quatre mille Russes ou Prussiens qui l’occupaient militairement : les hommes en étaient exclus, les femmes seules avaient la permission d’y pénétrer; quelques-unes, en petit nombre, en profitèrent, mais elles furent conspuées à ce point que des patrouilles russes durent protéger leur retraite; les femmes du peuple étaient très animées contre elles. En nous voyant ainsi au pouvoir de l’ennemi, nous eûmes bien de la peine à nous contenir. La rougeur nous vint au visage lorsque, pour la première fois, nous vîmes galoper dans nos rues ces hideux Cosaques, Tartares, Kalmouks, couchés sur leurs petits chevaux, avec leurs longues lances grossièrement faites ; lorsque tous nos corps de garde furent occupés par des uniformes étrangers, nos ponts garnis de canons mèche allumée. Triste et douloureuse époque qui, après plus de trente ans, réveille dans mon cœur de profonds regrets ! »

(Docteur Poumiès de la Siboutie », « Souvenirs d’un médecin de Paris… », Plon, 1910, pp. 138-139).

 

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