Extrait d’une lettre de G. Peyrusse à son frère.
Au château de Surville, près Montereau, le 19 février 1814.
Avant que Sa Majesté n’eut rejoint les corps laissés sur la Seine, nous étions mal de ce côté-là. Sa Majesté est arrivée le 16 au soir à Guignes ; le 17, une tête de colonne Russe et Prussienne a été taillée en pièce ; nous avons fait trois mille cinq cents prisonniers, pris des caissons et des canons. Le 18, on a poursuivi l’ennemi l’épée dans les reins sur les rotes de Bray et de Montereau ; on est entré pêle-mêle avec l’ennemi à Montereau, le 10ème hussards en a fait un horrible carnage. La ville est jonchée de morts et de fusillés. Nous avons dans le château deux mille cinq cent prisonniers Bavarois et Wurtembergeois forts désappointés : ils ne reviennent pas de leur étonnement de voir notre armée. Ils étaient naguères plein d’orgueil et de projets les plus insensés. Ils ne rêvaient que [de] Paris. Je crois que tout danger a cessé pour la capitale. Les manœuvres et l’activité ardente de S.M. ont tout déjoué.
Je crois que nous allons dans la journée balayer Sens et tout le côté de Fontainebleau. Sa Majesté paraît fort contente. Les soldats chantent…
Guillaume
(« Lettres inédites du baron Guillaume Peyrusse, écrites à son frère André pendant les campagnes de l’Empire. De 1809 à 1814… », Perrin et Cie, Libraires-Éditeurs, 1894, pp.184-185).