Le général Marchand que Napoléon rencontra devant lui en 1815, à Grenoble, était un brave et habile soldat, un des meilleurs parmi les hommes de guerre de l’Empire. Joubert faisait de lui un très grand cas : « Marchand, écrivait Joubert, a été un de ceux qui ont le mieux servi dans la campagne d’Italie, et c’est un officier de la première distinction. » Napoléon estimait Marchand et l’employait volontiers. Il le confirma général de brigade (12 mai 1800) et le fit général de division (24 décembre 1805) et comte de l’Empire (26 octobre 1808).
Il refusait en 1811 de lui donner le commandement de la 2èmedivision militaire en disant qu’on pouvait « l’employer plus utilement que cela », et, à ce qu’assure Senft-Pilsach, il aurait écrit au roi Jérôme que Marchand, sans être maréchal d’Empire, valait à lui seul quatre maréchaux. Aussi Marchand fut-il, en 1812, chef d’état-major du roi de Westphalie qui commandait l’aile droite de la Grande-Armée. Cet officier n’a pas écrit de « Mémoires », et c’est peut-être dommage : car sa relation de l’arrivée de Napoléon devant Grenoble est vraiment intéressante [Voir « Lettres de 1815 », d’Arthur Chuquet]. Mais selon un de ses amis, cet excellent homme était très court d’esprit ; « tout ce que j’ai à raconter de mes campagnes, disait-il une fois, c’est que j’ai eu bien chaud en Syrie et bien froid en Russie, que j’ai été blessé à l’assaut de Jaffa et que j’ai passé le Dniepr sur la glace avec Ney. » Peut-être Marchand se moquait-il de son ami, et tout cela ; si peu que ce fût aux yeux de Marchand, valait la peine d’être rajouté. Ajoutons que Marchand ne déplut pas du tout aux Wurtembergeois qu’il commandait en 1812.
Il a l’honneur d’avoir commandé le dernier détachement de l’armée française qui ait quitté le sol russe et l’avait alors avec lui tous les aigles du 3ème corps. Avec Ney et Gérard, il est le héros des suprêmes jours de la retraite.
Arthur CHUQUET.