J‘ai déjà évoqué sur « L’Estafette », la figure du colonel Campbell, commissaire britannique chargé de la surveillance de l’Empereur à l’île d’Elbe.
C.B.
« Lorsque j’ai connu le colonel Neil Campbell, c’était un homme estimable ; mais il est possible qu’étant en familiarité avec lord Cathcart, et étant habitué aux dignités de ce monde, il fut d’abord étonné et ensuite dégoûté de trouver dans un général et un souverain toutes les faiblesses et tous les vices communs à l’humanité. Il aurait pu voir avec une sorte d’étonnement cet homme qui tous les jours faisait sortir de terre un soldat ; il aurait pu s’enorgueillir davantage d’être le gardien d’un pareil Néron: mais ne reconnaître en son prisonnier aucune des qualités qui doivent accompagner la souveraineté légitime, ne découvrir dans ses manières et dans sa conversation aucun trait qui puisse lui donner une supériorité marquée; dire que cet homme parlait librement et comme en se jouant des actions de sa vie passée, et quelquefois de ses projets et de sa destinée future ; qu’il ne prenait aucun soin de cacher ses faiblesses ou ses erreurs, et qu’il était en effet un homme comme lui, c’est ce qui paraît intolérable, et qui le sera toujours pour quiconque est habitué à contempler les objets d’un certain point de vue, et à prendre l’élévation du grade pour la hauteur de stature. Si Napoléon s’était montré orgueilleux, bizarre, réservé, imposant et présomptueux, il aurait été aisé de reconnaître en lui les caractères distincte de la toute puissance et de se prémunir contre les efforts qu’il aurait pu faire pour recouvrer sa couronne. »
(John HOBHOUSE « Histoire des Cent-Jours ou dernier règne de l’empereur Napoléon. Lettres écrites de Paris , depuis le 8 avril 1815 jusqu’au 20 juillet de la même année. Traduites de l’anglais » , Paris, Domère, Libraire, 1819, pp.24-25)