« 20 avril [1814]. Les chevaux furent commandés pour 9 heures. L’Empereur désira parler au général Koller. Il parla avec vivacité contre sa séparation d’avec sa femme et son enfant, et de l’ordre de retirer les canons de l’île d’Elbe, disant qu’il n’avait rien à débattre avec le gouvernement provisoire. Son traité avait été conclu avec les Alliés. Il dit qu’il n’était pas dépourvu de moyens de faire la guerre, mais qu’il ne lui plaisait pas de la continuer. Il fit ensuite venir le colonel Campbell, se déclara très satisfait de ce que Lord Castlereagh [Secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères. Il fut un de ceux, dans les années 1813/1814, qui contribuèrent à soulever les puissances alliées contre l’empereur Napoléon], eût mis à sa disposition un vaisseau de guerre, soit pour la traversée, soit comme escorte, et fit l’éloge de la nation anglaise. Ensuite, il dit qu’il était prêt. Le duc de Bassano [Maret], le général Belliard, [le général] Ornano et quatre ou cinq aides de camp, avec environ vingt autres officiers, étaient dans l’antichambre. Un aide de camp ferma subitement les portes, ce qui nous fit supposer que l’Empereur faisait des adieux particuliers à Belliard et Ornano. Ensuite, les portes de rouvrirent, et l’aide de camp annonça : « L’Empereur ! » Il passa en souriant et en saluant, descendit dans la cour, harangua la Garde, embrassa le général Petit et le drapeau, et monta dans sa voiture qui partit aussitôt.»
(« Relation du capitaine Thomas Ussher » in « Toute l’Histoire de Napoléon. La Déportation de Napoléon à l’île d’Elbe », n°3-Avril 1952, Editions Académie Napoléon, pp.12-13). Ussher commandait la frégate l’Undaunted [l’Intrépide] qui conduisit l’Empereur de France à l’île d’Elbe. Il suivra Napoléon tout au long de son parcours vers cette destination.