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Les TRANSMISSIONS dans la GRANDE ARMEE (II).

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Les aides-de-camp.

La transmission d’un ordre ou d’un avis particulier ne pouvait évidemment se faire que par estafette, c’est-à-dire par un cavalier léger dûment informé de l’identité du destinataire ; Dans la majorité des cas, la dépêche était écrite à la plume, parfois au crayon, donc pas toujours parfaitement lisible et bien interprétable pour le destinataire. Toutefois les omissions de ponctuation y constituaient la source des erreurs les plus graves. Théoriquement la sabretache (portée par tous les cavaliers légers au début de l’Empire) était la sacoche plate destinée au transport de la dépêche. En fait, adoptée par les hussards du Roi au milieu du 18ème siècle, elle pouvait aisément jouer ce rôle lorsque primitivement elle était suspendue sous la ceinture au contact de la cuisse gauche. Mais la mode l’ayant fait descendre à hauteur du mollet, sa destination de boîte aux lettres devint très mal commode. On peut en conclure que sous l’empire les estafettes ne l’utilisaient guère et plaçaient de préférence le pli à porter dans leur ceinture ou caché sous leur chemise. Cette hypothèse semble bien être confirmée par le fait que l’uniforme réglementaire des aides-de-camp des officiers-généraux, conçu en 1803, ne comportait pas de sabretache.

La fonction principale des aides-de-camp était en effet de porter les dépêches, tant sur le champ de bataille, où il fallait braver les pires dangers en se faufilant entre les feux de bataillon et en se glissant entre deux char de cavalerie, que lors de missions à longue distance à travers un territoire ennemi. Ces aides-de-camp, étant tous des soldats éprouvés avec au moins le grade de lieutenant, Napoléon les préférait aux courriers professionnels qu’il jugeait « incapables » parce qu’ils ne donnaient aucune explication sur ce qu’ils avaient vu. La  confiance de l’Empereur ne risquait d’ailleurs pas d’être déçue, car ces jeunes gens à la fois généreux et ambitieux, pour la plupart fils de famille de l’ancienne noblesse ralliée à la gloire, s’efforçaient d’accomplir leur mission jusqu’à la limite de leurs forces : Marbot relie Paris à Strasbourg en quarante-huit heures et ne met que trois jours pour parcourir les cinq-cent-vingt kilomètres qui séparent Madrid de Bayonne ; sans changer de cheval, un officier de Davout couvre cent-soixante-dix kilomètres en dix-neuf heures en pays ennemi. A travers l’Espagne, menacés sans cesse par les guérilleros, ces courriers isolés risquaient beaucoup, et Marbot écrira à ce sujet : « Je ne crois pas exagérer en portant à plus de deux cents le nombre des officiers d’état-major qui furent pris ou tués pendant  la guerre de la Péninsule. » Chaque maréchal avait à son service au moins une demi-douzaine d’aides-de-camp (en 1809, par exemple, Lannes en possédait huit et Masséna seize). Mais il n’était pas rare qu’au soir d’une grande bataille la moitié de ces courageux porteurs d’ordre aient été mis hors de combat. Une transmission de bonne qualité se payait donc fort cher à l’époque. Quant à l’Empereur, il ne se limitait pas à envoyer en mission ses propres aides-de-camp. Il avait mis sur pied, principalement pour les dépêches de son cabinet, un service d’estafettes spécialisées pourvues d’une grande sacoche de cuir portant sur une large plaque de cuivre la mention « Dépêches de S.M. l’Empereur et Roi ». Ces courriers dont les plus célèbres furent Moustache, Clérice et Vidal, parcouraient les grandes routes impériales jalonnées de relais tous les huit kilomètres.

A suivre…

Jean-Claude QUENNEVAT

(Article paru dans la revue du Souvenir Napoléonien en 1975)

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