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A l’île d’Elbe, Napoléon reste attentif à ce qu’il se passe en France…

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« Napoléon lit à l’île d’Elbe non seulement des journaux et des brochures, mais des lettres particulières, les lettres qu’il reçoit et celles que reçoivent les soldats, les officiers, les fonctionnaires. Le chef de bataillon Malet ne recommandait-il pas à tous les grenadiers qui retournaient en France, d’envoyer des nouvelles à leurs camarades ? La police française s’efforçait d’intercepter ces messages, et Beugnot fit parfois de beaux coups de filet. Le 13 juillet [1814] ses agents prirent à Mme la générale Bertrand des papiers qu’elle portait à l’île d’Elbe, et peu après, lorsque la mère de Mme Bertrand, Mme Dillon, voulut envoyer à sa fille des bonnets brodés où elle cacha quelques lettres, Beugnot dit malicieusement à Mme de la Tour du Pin: « Prévenez donc Mme Dillon que Mme Bertrand n’a pas besoin de bonnets brodés.» Mais ce que Beugnot avait enlevé à la générale Bertrand était insignifiant et ce fut cette dame qui remit à Napoléon des lettres du prince Eugène. La correspondance de Paris avec l’île d’Elbe était organisée avec habileté. Elle passait d’abord par les mains du général Evain, chef de la 6ème division ou bureau de l’artillerie au ministère de la guerre; Evain l’adressait à sa soeur, directrice de la poste d’Angers, et Mlle  Evain la transmettait simplement au directeur de la poste de Toulon qui l’envoyait à Porto-Ferrajo. Deux personnes connaissaient le secret: le colonel de Caux, collègue d’Evain, chef de la division du génie, et Masséna. C’est pourquoi, dit-on, le maréchal fut, après les Cent jours, disgracié par  les Bourbons; ils lui reprochèrent d’avoir laissé le directeur de la poste de Toulon de communiquer avec l’île d’Elbe. Mais il existait d’autres moyens d’expédition. Tous les bateaux génois et elbois apportaient des lettres : Peyrusse assure que ses relations avec ses amis ne furent jamais interrompues, et Méneval, sous le couvert des négociants viennois, envoyait par Livourne et Florence tout ce qu’il voulait. Quant aux lettres qui partaient de l’île d’Elbe pour la France, elles passaient par Gènes et par la Suisse. Le plus souvent un bateau elbois les remettait à des courriers de Piombino ou bien l’Inconstant les portait aux stations postales de Civita-Vecchia, de Gènes et de Naples ou bien elles étaient confiées à des voyageurs. C’est ainsi que Napoléon correspondait avec le continent. Il a raconté qu’il reçut 5.000 lettres d’officiers et de soldats qui lui demandaient du service : 500 de France, 2.000 de Corse,  2.500 de Gênes, du Piémont et du reste de l’Italie ; tous, licenciés ou revenus de captivité connaissaient la France et rendaient compte de l’état des esprits. Les lettres que son entourage lui communiquaient, contenaient parfois des choses intéressantes ou instructives. »

(Arthur CHUQUET, « Le départ de l’île d’Elbe », Editions Ernest Leroux, 1921, pp.84-86)

 

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