Le 1er mars 1814, nous arrivâmes à Meaux. Le même jour, nous fîmes une pointe sur Lagny.
Le 2, nous y brûlâmes le pont et, malheureusement, le moulin ; c’est le général Doumerc qui commandait tout cela.
Le 3, nous repassâmes à Meaux pour nous porter sur May-en-Multien. L’ennemi passait la Marne devant nous et défense de se tirer dessus. On se battit le soir.
Le 4, une affaire eut lieu à Neuilly-Saint-Front.
Le 5, sur Fismes.
Le 6 à Berry-au-Bac.
Le 7, la bataille de Craonne, qui n’eut aucun résultat.
Le 8, resté sur le champ de bataille à faire des reconnaissances.
Le 9 eut lieu notre malheureuse affaire de Laon.
Le 10 au matin, après avoir marché toute la nuit, nous étions encore une fois au pont du Bac [celui de Berry] et nous rassemblâmes les débris du corps d’armée pour nous porter sur Roucy, où nous couchâmes.
Le 11, à Fismes. Nous restâmes les 12 et 13 mars. Le 14 eut lieu la belle affaire de Reims. L’Empereur était là.
Le 15, on nous fit marcher sur Berry-au-Bac ; c’était la troisième fois en dix jours. Nous restâmes là les 16 et 17.
Le 18, sur les 9 heures, on évacua Berry-au-Bac et l’infanterie du corps d’armée se dirigea sur Roucy. Les différents postes que l’on fit relever devaient former l’arrière-garde avec l’artillerie à cheval et la cavalerie légère. J’étais au bout du pont du bac avec mes douze bouches à feu.
Le maréchal Marmont me dit :
« Commandant Mathieu, vous allez vous porter près des généraux Foissac la Tour et Hubert qui sont là-haut avec leurs régiments, et vous prendrez avec vous six bouches à feu, le reste suivra la route de Reims où la cavalerie et les postes doivent se rendre. »
Je faisais mon mouvement pour l’exécution de cet ordre, quand, tout à coup, je vis notre cavalerie aux prises avec celle de l’ennemi ; je me permis de dire au maréchal :
« Monseigneur, croyez-vous avoir trop d’artillerie que vous voulez que j’aille la conduire aux ennemis ?- Comment cela ?- Voyez, voilà notre cavalerie qui est aux prises avec l’ennemi, et il me semble qu’elle ne tient pas !
Effectivement, notre cavalerie fut ramenée en grand désordre, traversa la route de Reims et alla se perdre par un taillis de l’armée sur les bords de l’Oise, de sorte qu’en moins d’un quart d’heure, il ne nous restait pas un seul cavalier pour nous défendre. Je n’avais pas bougé de ma position près du pont, et tous les postes ayant été relevés étaient venus se mettre près de mes batteries.
A SUIVRE…