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Le 1er mars 1815 à Antibes (suite et fin)…

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Le 1er mars 1815 à Antibes (suite et fin)… dans TEMOIGNAGES 065055881

Suite et fin de cet intéressant témoignage et qui fut publié la première fois dans la revue « Feuilles d’Histoire » en 1911. 

Ils s’arrêtèrent deux heures aux environs de Cannes. Le prince de Monaco y était arrivé. Un général fut de la part de son maître leur déclarer qu’il était son prisonnier et le somma de se rendre auprès de lui. Cette visite déplut fort au prince qui avait perdu toute contenance. L’entretien qu’il eut ne fut pas long et peu conséquent ; il fut libre de retourner à son auberge et dans ses Etats. Cette troupe se compose de Bonaparte, des généraux Bertrand, Drouot et Colbrun [sans doute Cambronne], de huit cent hommes, de domestiques et [de] beaucoup de  femmes, avait été transportée sur cinq bâtiments qui échappèrent à la vigilance des frégates en station ; avait trois pièces de campagne et un carrosse qu’ils ont laissé à Grasse.

Elle paraît se diriger sur Grenoble par la route impraticable presque de Digne. Ils se flattent d’être rendus le 27 à Paris. Ils n’ont fait aucune levée d’argent ;ils payent toutes les réquisitions, les fournitures et les subsistances des mairies exceptées. On ne dit pas qu’ils aient insulté personne ; ils affectent de crier « Vive l’Empereur ! », [cri] auquel pas un citoyen n’a répondu, si ce n’est quelques individus qu’ils dirent qu’ils étaient royalistes. 

Alexis Gazan revenant du Cannet fut retenu pendant deux heures. On voulut lui donner des missions; l’Empereur le flatta, lui fit des promesses; mais rien n’a pu ébranler ses sentiments ; il persista dans son refus et retourna le soir à Antibes.  Il faut vous dire qu’ils ont payé le nolis d’un bâtiment et les dommages faits à la campagne, où ils ont campé au Golfe, avec des bons sur le Trésor impérial ou des mandats sur un individu qui n’est pas qualifié. On n’a pu faire [encore] aucune disposition pour le poursuivre. On sait que [mots manquants peut-être : il est parti] ce matin de Digne ; que le prince Masséna va lui couper le chemin à Sisteron où il doit être arrivé ; que l’on a fait couper les ponts et que l’on fait tout pour l’arrêter ; que la Garde nationale de Marseille et d’Aix est partie en toute diligence ; l’esprit de cette contrée est bon, et s’il reparaît de nouveau, je doute qu’il échappe, étant prêts pour le recevoir. 

Nous avons eu quelque désertion du corps de la garnison qui a cessé maintenant. L’état-major s’est fort bien conduit. Si nous n’avons pas des craintes d’ailleurs, nous sommes dans l’attente de connaître le résultat de cet événement, qui doit occuper beaucoup de monde ; mais que nous espérons qu’il sera heureux. Mais puisque j’ai été autant minutieux dans ce récit, je dois ajouter que soit le défaut de transport ou le désir promptement, ils ont laissé sur le bord de la mer dix caisses de fusils.  Enfin M. Cunéo est remplacé dans son commandement de place ; on a annoncé un colonel d’artillerie pour le remplacer. Sa conduite équivoque dans cette affaire pourrait encore avoir des suites graves pour lui.  Tous les prisonniers sont partis sous bonne escorte pour Toulon, en suite d’un ordre du prince. Les officiers ayant forcé la sentinelle dans la nuit, l’un reçut un coup de fusil qui traversa son chacot [shako] sans le blesser, fut sauter les remparts, a pris une forte contusion aux lombes. Il est à l’hôpital avec une paralysie des membres inférieurs et de la vessie. 

Votre très affectionné ami. 

ARDISSON 

Antibes, le 4 mars 1815. 

P.S. / Le gouvernement de Nice [redevenue sarde] a pris l’alarme. On a mis douze cents hommes au pont du Var avec du canon ; on ne peut voyager dans ce pays qu’avec des bons passeports et on fait surveiller les démarches des Français qui arrivent. Cette terreur cessera bientôt. 

Suscription : Monsieur le professeur Provençal, place du Palais à Montpellier, cachet postal, 78, Antibes. 

 

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