Le Corse Franceschi Cipriani est né en 1773. Si, à Sainte-Hélène, il occupe les fonctions anodines de maître d’hôtel de l’Empereur, il n’en a pas toujours été ainsi dans son existence. Au service de la famille Bonaparte dès son plus jeune âge, Cipriani devient intendant de Salicetti puis du roi Joseph, frère aîné de l’Empereur, à Naples. Il est chargé de missions d’espionnage visant l’île de Capri alors occupée par les troupes anglaises commandées par le colonel… Hudson Lowe ! En 1814, alors que l’Empereur est exilé dans son île d’Elbe, Cipriani est envoyé en Autriche afin de récolter des informations sur le fameux Congrès qui se tient en permanence dans la capitale autrichienne. Nommé maître d’hôtel au Palais des Tuileries après le retour de Napoléon à Paris, en 1815, il suit le souverain lors son exil à Sainte-Hélène. Il est très fort probable que lors des courses d’approvisionnements à Jamestown, le Corse ait pris contact avec plusieurs capitaines de navires marchands ; afin de faire passer en Europe des correspondances clandestines. A Longwood, il entretient des rapports non dénués d’une certaine complicité avec l’illustre captif. Fut-il contacté par les anglais afin de recueillir et de leurs transmettre nombre d’informations sur ce qu’il voyait ? A-t-il reconnu en la personne du gouverneur Hudson Lowe ce colonel anglais qui commandait autrefois à l’île de Capri ? Il décède brutalement le 27 février 1818 d’une maladie intestinale, peut-être d’une péritonite. Sa mort soudaine ne manque pas d’interroger la petite cour impériale de Longwood. De nos jours, certains y voient la trace d’un meurtre. Cipriani, l’homme qui en savait tant aurait été empoisonné ! Mais par qui et pourquoi ?[1]
Daniel LEUWEN
[1] Paul Fleuriot de Langle, déchiffreur du témoignage du général Bertrand (« Cahiers de Sainte-Hélène »), dans les années 1950, écrit dans une note se trouvant dans le tome II (p. 463) : « Sa mort attribuée à une crise d’appendicite aigüe, peut très bien avoir une cause naturelle. »