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1821-2021. Un fantôme à Longwood ?

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Longwood

Voici ce qu’écrit le général Gourgaud. Ce passage date des 12 et 13 février 1816…

On parle d’un revenant qui se promènerait la nuit dans Longwood. Nous parlons de Lavalette. « Je n’ai fait mourir que Georges[1], et j’ai pardonné à Polignac. Comme je le regrette ! » J’observe que la clémence est toujours ce qu’il y a de mieux; après la mort de Labédoyère [2], le Roi a donné vingt-cinq louis pour faire dire des messes pour le repos de son âme. Montholon, qui, hier, avait rendu compte à l’amiral que le revenant avait fait le tour de la maison, lui avait sottement demandé que les factionnaires fussent rapprochés. Pendant la nuit, un d’eux vient à ma fenêtre, je me lève et j’en trouve un autre à ma porte ! Le matin, je dis à Montholon que c’est du dernier ridicule, que s’il a peur des revenants qui passent par sa fenêtre, il n’a qu’à la fermer, que nous sommes assez serrés comme cela ! L’Empereur me raconte que Montholon lui a parlé des revenants. Je réplique que c’est ce qui est cause que les factionnaires ont été mis sous mes fenêtres, et que l’amiral a ordonné à Poppleton de me redemander mes pistolets. L’Empereur se met en colère, dit que c’est du dernier ridicule, fait appeler Montholon, qui, pressé devant moi par Sa Majesté, avoue qu’il a demandé les factionnaires : « Il faut que vous ayez l’âme bien basse pour vous faire notre geôlier. Un clou seul suffit. Bientôt si cela continue, il y aura des factionnaires jusque dans ma chambre ! Pourquoi prétendez-vous que je cours des dangers? Que les matelots, les habitants, vexés de mon séjour dans cette île, veulent m’assassiner ? C’est une sottise. D’ailleurs, s’il était nécessaire, quelqu’un de mes officiers coucherait près de ma chambre, mais, pour Dieu ! Ne prenez pas tant de soin de ma sûreté, en employant des factionnaires anglais. Vous dites que l’on amène des filles[3]; si cela devient scandaleux, vous pouvez bien l’empêcher sans les Anglais ! Ne voulez-vous pas que ce soit ici un couvent ? » Bourrade. « Allons, laissez-moi tranquille. »

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[1]  Allusion à l’exécution du général royaliste Georges Cadoudal,  un des principaux opposants au futur empereur. Il fut exécuté à Paris en juin 1804.

[2]  Célèbre général, fusillé par ordre de Louis XVIII, pour sa fidélité à Napoléon, le 19 août 1815.

[3] Prostituées.

 

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