En 1854, Napoléon III négocia avec le gouvernement anglais l’achat de Longwood House et de la vallée du Tombeau, qui devinrent propriétés de la France. En 1858, le premier représentant de la France, Nicolas Martial Gauthier de Rougemont (1794-1868) arriva à Sainte-Hélène. Ayant besoin d’aide pour conserver la résidence où a vécu Napoléon, il fit appel au Génie. Le 1er mars 1859, le capitaine Eugène-François Masselin (1825-1903) et sa femme Julie Cadet de Gassicourt (1834-1904), accompagnés de sapeurs du Génie, arrivent sur l’île pour restaurer Longwood House. Il s’installe à « New House », et les sapeurs à « Longwood House ».
En 1861, deux sapeurs, le vendéen Lucien Morilleau, et l’angevin Jean-Auguste Moutardeau demandèrent à rester sur l’île, « désirant y fonder une famille ». Sous les ordres de Gauthier de Rougemont, les deux hommes assurèrent les fonctions de gardiens, étant aussi responsables du fonctionnement courant des domaines.
Lucien Morilleau
Né en 1835 au lieu-dit de la Thuée à Mormaison (85) canton de Rocheservière en Vendée. Après l’école primaire, il fit un apprentissage en charpenterie à Rocheservière.
En 1856, incorporé au 3e régiment du génie à Montpellier il accèda bientôt au grade de caporal.
Arrivé à Sainte-Hélène avec le capitaine Masselin. Lucien Morilleau passe sergent en 1860, et fut détaché, avec son camarade, au « service de la résidence impériale de Sainte-Hélène ». Il devient alors « sous-gardien de Longwood House ».
En 1866, à 31 ans Lucien Morilleau est promu au grade de sergent-major.
En 1880, l’impératrice Eugénie s’arrête un instant sur l’île, visitant les lieux où vécut l’oncle de son mari. Lucien Morilleau la rencontre alors à cette époque. Elle lui présente un bouton de veste de son fils Louis Napoléon (1856-1879) tué pendant la guerre contre les Zoulous.
Lucien Morilleau se marie avec une Anglaise, Louisa Elisabeth Thompson (°1824). Le couple aura 12 enfants. Il prend sa retraite militaire en 1881.
A partir de 1880, il devient « conservator » puis « consular agent » en 1889.
En 1907, il vit toujours sur l’île avec sa famille, assurant ces deux fonctions.
Le « Vendéen de Sainte-Hélène » décède cette année-là, âgé de 72 ans. L’épouse de Lucien Morilleau prit la suite, pendant une année, en tant que « interim conservator and consular agent » après le décès de son mari.
Ses descendants ont en leur possession un des grands chandeliers de la chambre à coucher de Napoléon.
Jean-Auguste Moutardeau
Petit-fils et fils de charpentier, était né à Corné (49), le 17 février 1834.
Il s’engagea dans le 3e régiment du génie basé à Metz en 1855. Il avait 21 ans. Comme Lucien Morilleau il arriva en 1859 à Sainte-Hélène avec le capitaine Masselin et deux autres sapeurs. Le caporal Moutardeau devint alors « sous-gardien du Val Napoléon ».
Jean-Auguste Mourtardeau épousa à Jamestown, le 20 avril 1861, Marguerite-Louise Sherrard. Cette dernière décéda sans postérité le 11 février 1866. Moutardeau se remaria avec Jeanne-Ellen Dowling qui lui donna trois filles. Il mourut à Jamestown le 24 avril 1873.
Sa petite-fille, Mme Marcel Papin, née Isoline Clerc (1901-1994), d’Argenton-Château (veuve d’un industriel angevin), fit partie des 1300 passagers qui participèrent à la croisière impériale sur le paquebot France du 6 au 29 avril 1969, année du deuxième centenaire de la naissance de Napoléon Bonaparte.
Mme Papin faisait ce voyage dans l’espérance de retrouver la tombe de son ancêtre. Ses recherches furent vaines, malgré les conseils du célèbre historien André Castelot (1911-2004).
Auguste DEVISME.