Publiés la première fois en 1862, les « Souvenirs » du docteur Adrien-Jacques Renoult (1770-1842) sont méconnus. « Élève du célèbre Dessault [Desault], M. Renoult fut, à l’âge de vingt-deux ans, attaché comme chirurgien militaire à l’armée du Rhin. C’est là qu’il apprit à connaître et à aimer Desaix, dont il resta séparé quelque temps, mais qu’il retrouva bientôt en Égypte pour ne plus le quitter qu’au jour où son excellent général paya de sa vie le triomphe de la France à Marengo », écrit l’éditeur de l’époque dans sa présentation. Son témoignage aborde les campagnes de 1792, 1794, 1795, 1796. A la fin juin de cette même année, il passe le Rhin à la suite du général Moreau, commandant en chef de l’armée du Rhin. En 1797, Renoult se trouve en Italie et soigne, dans les deux hôpitaux de Cremone, de pauvres diables en proie à des maladies vénériennes…C’est à cette époque qu’il rencontre pour la première fois le général Bonaparte : « Il s’arrête devant moi, me fixe avec ses yeux pénétrants, mais pleins de bonté », écrit l’auteur. En mai 1798, il s’embarque pour l’Égypte et, arrivé au Caire, apporte toute sa science aux malheureux soldats victimes d’ophtalmie. « Combattre cette maladie était chose difficile, faute de moyens ». Sa narration de la campagne d’Égypte est particulièrement dépaysante. De retour en France à la fin d’avril 1800, il est chargé d’administrer l’hôpital militaire du Gros-Caillou, à Paris, avant d’être désigné par Savary, comme chirurgien-major de sa légion de gendarmerie d’élite. C’est en tant que tel qu’Adrien-Jacques Renoult participe aux campagnes de 1806 (en Prusse), 1807 (en Pologne), 1808 (en Espagne) et de 1809 (en Autriche). A Vienne, l’auteur s’occupe de soigner les nombreux blessés de la Garde. Ce sera sa dernière campagne avant qu’il ne soit nommé par le général Savary (devenu ministre la Police générale) « médecin inspecteur des prisons d’État ».
C.B.
Ci-dessus: image d’illustration représentant un chirurgien.
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Notes complémentaires.
Le titre exact de l’édition originale est:« Souvenirs du docteur Adrien-Jacques Renoult, officier de la Légion d’honneur, chevalier de l’Empire, membre de l’Académie de médecine », Paris, Imprimerie de Jouaust Père et Fils, 338, rue Saint-Honoré. L’exemplaire que nous avons consulté, comporte deux mentions manuscrites ajoutées sur la couverture : « Ancien chirurgien en chef des armées » et « Beau-père de M. Pesty, agent de change honoraire, rue de la paix, n°24 ». Renoult mentionne ce personnage à la fin de son témoignage. Ajoutons que le docteur Renoult fit paraître sous le Consulat l’ouvrage suivant : « Essai sur les maladies des gens de cheval. Par Adrien-Jacques Renoult, de S. [Saint-]Arnoult, département de la Seine-Inférieure [Seine-Maritime], Médecin, Chirurgien-Major de la Gendarmerie d’élite, Garde des Consuls », A Paris, de l’imprimerie de Bossange, Masson et Besson, XI., MDCCCCIII [1803], 65 p.
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Né le 6 décembre 1770 à Saint-Arnoult (Seine-Maritime), Renoult s’éteint à Paris le 6 mai 1842 Il repose au cimetière du Père-Lachaise, 37ème division, 1ère ligne. Dans cette même chapelle se trouvent son épouse, Marie-Élisabeth Bosselet (1773-1864), son gendre, Pierre-Laurent Pesty (1791-1865), agent de change, précédemment, chef d’escadron, garde du corps du roi Louis XVIII, chevalier de Saint-Louis, officier de la Légion d’honneur, ainsi que l’épouse de ce dernier, Adrienne-Élisabeth Renoult (1805-1858). Adrien-Jacques Renoult, au moment de sa mort, demeurait au n°1 de la rue de la Grange-Batelière (Paris 9ème) . Son gendre et sa fille habitaient à la même adresse. Le dossier du Dr Renoult, rassemblant états des services et divers documents, peut être consulté en ligne sur la base Léonore de la Légion d’honneur (cote LH/2301/45).