Accueil TEMOIGNAGES Une LETTRE d’Antoine VARNER, attaché à l’Intendance générale durant la campagne de RUSSIE. (2ème partie).

Une LETTRE d’Antoine VARNER, attaché à l’Intendance générale durant la campagne de RUSSIE. (2ème partie).

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Vous désirez quelques détails sur ma manière de voyager. Jusqu’ici je n’ai point été réduit à enfourcher le cheval polonais. Je vous ai informé qu’à son départ de Vilna, le général avait eu l’idée d’emmener avec lui quatre personnes destinées à faire autant que possible le travail de l’intendance, dont elles étaient détachées ; cette petite réunion s’appelait [le] service léger (ainsi l’avait qualifié le général) ; par suite de cette disposition on nous a fourré Bayle [Adjoint titulaire aux commissaires des guerres le 8 juillet 1812, il disparaît durant la retraite], Prosper et moi (un autre jeune homme, Lanneau, qui ne vous est pas connu), dans un char à bancs, à huit places, couvert d’une toile de coutil peinte en noir. Cette voiture de forme oblongue, médiocrement ouverte par le devant et les deux côtés, ressemblait assez à un four quand elle était échauffée par les rayons du soleil.

De plus, la couverture usée par le frottement des branches d’arbres et par les obstacles de toute espèce que l’on rencontre dans les immenses forêts de la Pologne et de la Russie,n’était plus qu’un vain nom sur la fin de notre route et laissait à la pluie un libre passage. Mais la nécessité, mère de l’invention, m’avait suggéré l’idée de rétablir au-dessus de ma tête une couverture secondaire au moyen de mon chapeau garni d’un taffetas ciré. J’avais su le disposer de manière à établir une rigole qui conduisait l’eau hors de la voiture. En résumé, je me trouve pas mal de mon voyage en Russie. J’ai vécu, j’ai vu du pays, j’ai fait quelques économies, qui, je l’espère, me mettront à même de satisfaire à quelques économies, à quelque engagement dont je vous ai parlé. Vous serez sans doute bien aise d’apprendre les grands événements qui viennent d’avoir lieu à l’intendance : M. Combes [Secrétaire général de la Direction générale des Revues et de la Conscription militaire. Jean-François Combes est nommé commissaire des guerres le 8 mars 1812 puis porté à la 1ère classe le 1er juillet 1812 et promu ordonnateur le 9 octobre suivant] a été nommé ordonnateur et M. Saint Didier a été décoré de l’ordre de la Réunion. Vous sentez que pour porter ces grands coups il a fallu restreindre le nombre des demandes.

Aussi, nous autres, chétifs, nous avons été laissés de côté. Cependant j’aurais tort de me plaindre : mon adjonction provisoire n’est pas assez ancienne pour me donner le droit de réclamer impérieusement la faveur de la confirmation. Aussi j’ai gardé le silence, plein de confiance d’ailleurs dans les bontés de notre patron. Je vous ai écrit deux lettres sur Moscou, je pense que nous avons maintenant  [un] spectacle français, qui ne vaut rien, qui coûte fort cher, mais où l’on vient par désœuvrement et pour n’en pas perdre l’habitude. 

Tout à vous, 

VARNER. 

En complément. 

Antoine-François VARNER naît le 23 avril 1789 à Paris. Commis à la Direction générale des Revues et de la Conscription militaire, il est remarqué par le comte [Mathieu] Dumas qu’il voulut suivre à l’armée ; le général, désirant seconder le grande espérances qu’il donnait, le fit attacher à l’intendance général de  la Grande Armée, le 11 mars 1812. Il est nommé le 4 juillet suivant, adjoint provisoire aux commissaires des guerres ; adjoint titulaire en 1813. Varner est mis en non-activité en 1816. En 1848, il est retraité chef de bureau de la Préfecture de la Seine. 

Jacques-Gilbert YMBERT, sous-chef au 1er bureau de la Conscription militaire, avait été nommé adjoint provisoire aux commissaires des guerres le 29 février 1812, mais sa santé ne lui avait pas permis de suivre l’intendant général, et il avait conservé ses fonctions à Paris. 

 

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