Kellermann fils, comte, puis duc de Valmy, a, comme on sait, gagné au Premier Consul la bataille de Marengo [14 juin 1800] par une des plus audacieuses et des plus brillantes charges de cavalerie que cite l’histoire de la guerre. Mais, bien que promu général de division le 5 juillet 1800, il ne se trouva pas suffisamment récompensé ; il se plaignit que Napoléon fut jaloux de lui ; il afficha, comme disait l’Empereur, des prétentions. Nous le voyons demander sa retraite en 1813, puis laisser son père intervenir en sa faveur, et le 8 avril 1813, Napoléon l’envoie commander à Wurtzbourg la cavalerie du corps de Ney en disant qu’en considération des services du vieux maréchal qu’il estime fort, en considération des « services personnels rendus à Marengo », il oublie les sottises que le général va commise et compte désormais sur sa bonne conduite et son bon esprit. Néanmoins le général Kellermann garda rancune à l’Empereur et voici ce qu’il écrivait à Louis XVIII.
5 août 1814.
Je suis lieutenant général depuis seize ans. J’ai acquis mon grade sur le champ de bataille de Marengo. C’est moi seul qui, avec 400 chevaux, inspiré par la Providence, au moment où tout était perdu, ai retrouvé cette bataille mémorable par des immenses résultats. L’homme qui en a profité ne m’en a tenu que peu de compte et peut-être ne me l’a point pardonné.
(Arthur CHUQUET, « L’Année 1814. Lettres et Mémoires », Fontemoing et Cie, Éditeurs, 1914, p.318).