Voici une lettre adressée par Cambacérès à Napoléon.
7 septembre 1813.
Sire,
Les fonds publics ont baissé hier. En rendant compte à V.M. de cette circonstance inattendue, le ministre de la Police lui en a vraisemblablement exposé les causes. Elles sont prises de l’exagération avec laquelle on a considéré les suites de la faute du général Vandamme et de l’inoccupation de Berlin que l’on suppose la suite d’un revers éprouvé par le duc de Reggio [Oudinot, marchant sur Berlin, avait été battu par Bernadotte à Gross-Beeren, le 23 août 1813]. Les nouvelles que S.M. l’Impératrice a reçu de la part de V.M. et qui seront demain dans le Moniteur, fixeront sur le véritable état des choses, relativement à l’événement arrivé au général Vandamme, et lui donneront le caractère qui lui convient.
A l’égard du maréchal de Reggio, il est certain qu’on le croyait à Berlin depuis le 23. De ce qu’il n’est point entré dans cette ville, il ne faut pas conclure qu’il a été repoussé. C’est ce que l’on a cherché à faire entendre à tous ceux qui sont de bonne foi.
Au surplus, les premiers détails de la victoire du 26 ont fait un grand bien, et V.M. aura vu qu’ils en ont fait partout.
Depuis quelques temps, nous n’avons pas de nouvelles de Hambourg. Les dernières étant plus rassurantes.
La mort de l’ex-général Moreau se confirme : toutes les lettres particulières le disent, et la rencontre auprès d’un cadavre d’un chien ayant à son collier le nom du général Moreau, ajoute encore aux autres présomptions qui ont été recueillies sur cette mort; cela occupe les oisifs.
S.M. l’Impératrice est toujours enrhumée ; le temps froid et humide, que nous avons eu tout l’été, est bien propre à maintenir cette disposition.
(« Cambacérès. Lettres inédites à Napoléon. Tome II, avril 1808-Avril 1814. Présentation et notes par Jean Tulard », Éditions Klincksieck,1973, lettre n°1261, pp.1042-1043)