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Autour d’un livre hostile à l’Empereur…

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Goldsmith.

Extrait d’un rapport du comte Anglès daté du 8 juin 1814.

« Une lettre de M. le prince de Bénévent [Talleyrand] m’avait informé, avant-hier, qu’on réimprimait un libelle ayant pour titre : Histoire secrète du cabinet de Bonaparte, publié à Londres par Louis [Lewis], employé il y a plusieurs années, aux Relations Extérieures et qui en avait été chassé pour cause d’infidélité. Cet ouvrage, dont le prince m’envoyait quelques feuilles, était regardé par lui comme propre à agiter les esprits et à irriter, par des calomnies, plusieurs maréchaux de France et plusieurs personnes distinguées du gouvernement actuel. On ajoutait que chaque volume de cet ouvrage s’imprimait, la nuit même, chez les imprimeurs Le Normand, Mame et Patris, pour le rendre inaccessible aux atteintes de la police; il fallait dont agir de suite. En conséquence, j’ai ordonné, dans ces trois imprimeries, une perquisition qui n’a amené aucun résultat.  Un examen attentif, fait avec quelques personnes instruites en librairie et qui n’a pu avoir lieu que ce matin, pour ne pas éventer le secret, m’a convaincu que les feuilles qui ont été transmises à M. de Talleyrand, par un anonyme, au lieu d’avoir été imprimées à Paris, comme on le supposait, l’ont été à Londres même. C’est ce dont il n’est plus permis de douter, en rapprochant ces caractères vraiment anglais de nos caractères français ».

(Georges Firmin-Didot, « Royauté ou Empire. La France en 1814. D’après les rapports inédits du comte Anglès », Maison Didot, Firmin-Didot et Cie Éditeurs, s.d. [1897], pp.32-33).

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Cet ouvrage pamphlétaire qui porte le titre exact d’Histoire secrète du cabinet de Napoléon Buonaparte et de la Cour de Saint-Cloud parut en 1814 à Londres (de l’imprimeur T. Harper le Jeune, Crane court, Fleet Street) et à Paris (Chez les marchands de nouveautés), en 2 volumes. Sorte d’espion politique, Lewis Goldsmith (1763-1846) eut une vie atypique. S’il voyagea pendant les guerres de la Révolution française, il publia en 1801 un essai qui lui valut les foudres de Pitt parce qu’il se livrait à une attaque contre sa stratégie militaire. Il fut contraint de s’exiler et fut présenté à Napoléon par Talleyrand. Il crée un journal anti-anglais, et est attaché aux tribunaux en qualité de traducteur assermenté. Il devient à cette époque un agent double pour le gouvernement britannique. Il retourne en 1809 en Angleterre et s’y installe comme solicitor, avocat-conseil. Il devient alors très critique de la France, et notamment de l’Empereur. Il retourne définitivement en France à compter de 1825 et y décède en 1846, nous apprend Quérard dans ses « Supercheries littéraires dévoilées »Les pages consacrées à la « vie privée et au caractère de Napoléon Buonaparte » sont édifiantes de méchanceté (t. 1, p. 65 et s.). À compter de la page 175 du tome premier, on relève une recension des personnages entourant Napoléon, en commençant par sa famille. Vient ensuite ce que l’auteur nomme la « Cour de Buonaparté ». La liste s’ouvre avec Cambacérès, puisque selon l’auteur, « il faut bien commencer la liste par le confident de ses plus secrètes pensées, et par le plus vil de tous ses valets » (t. 1, p. 205). Sur Fouché, « cet imbécille [sic] est ce que les Français appellent un homme nul ». On remarquera que le pamphlet – da été écrit alors que Napoléon n’avait pas encore quitté l’île d’Elbe : « Buonaparté est confiné dans l’île d’Elbe. Son esprit turbulent le portera peut-être à franchir la mer qui le sépare de la France, pour révolutionner quelques pays lointains ; mais, à la première tentative, ses surveillants l’amèneront sans doute dans la tour de Londres » (t. 2, p. 213).

En complément, lire la notice Wikipédia sur ce personnage fielleux :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Lewis_Goldsmith

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