Fontainebleau, 14 avril 1814.
L’Empereur va partir pour l’île d’Elbe. Deux officiers seulement l’accompagneront dans sa retraite. Je suis un de ces officiers [avec le général Bertrand]. J’ai bien aimé et bien servi mon souverain lorsqu’il était heureux ; je le suivrai et j’adoucirai ses peines dans l’adversité. Il m’en coûte beaucoup de renoncer à ma patrie, à mes affections les plus chères; il m’en coûterait bien plus, si je renonçais à la reconnaissance.
J’ai fait mes adieux aux canons : je les aimais cependant beaucoup, et, si je suis jamais rappelé dans notre bonne France, je n’y servirai pas. Mon intention est de consacrer à l’étude et au bonheur intérieur les années qu’il plaira à la Providence de me laisser encore dans cette vallée de larmes. J’emporte, en quittant, l’état militaire, une grande consolation, celle d’avoir toujours été guidé par l’honneur et la probité.
(Lettre du général DROUOT adressée à un ami lorrain, sans doute M. de Richier, demeurant à Paris et contenue dans l’ouvrage d’Arthur Chuquet, « L’Année 1814. Lettres et Mémoires », Fontemoing et Cie, Editeurs, 1914, pp.389-390).