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Une lettre du général Mouton…

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Elle est adressée à sa femme Félicité, qu’il surnomme affectueusement « Cité ». Le général Mouton, comte de Lobau, remplace le 1er juillet 1813, le maréchal Soult (envoyé en Espagne) à la tête de la Garde. Après l’échec du général Vandamme à Kulm le 30 août 1813, Napoléon le nomme à la tête du 1er  corps d’armée (le 3 septembre). Il sera fait prisonnier en novembre 1813, et expédié en Hongrie. Le général Mouton ne retrouvera la France qu’en juin 1814.

C.B.

 Dresde, le 16 août 1813.

Je me trompe c’est Bautzen.

Ma chère Cité, nous sommes, comme tu le vois , de nouveau en mouvement. Les négociateurs de Prague ne se sont point entendus.

Notre départ de Dresde a eu lieu hier et les hostilités peuvent recommencer dès demain, mais il est probable qu’on ne se battra pas de sitôt.

J’ai toujours plus de besogne, je l’attaque avec ardeur et tâcherai de m’en tirer. Dans la nuit dernière, nous nous sommes trouvés dans un chemin affreux et nous avons passé toute la nuit sur la route qui était tellement mauvaise que notre méchante calèche a été versée. Un des gens qui était sur le siège s’est démis l’épaule ; c’est toujours aux pauvres qu’arrive la besace.

Bautzen, qui était fort jolie, est horriblement foulée. Je plains maintenant davantage les habitants chez lesquels ont fait la guerre que ceux qui sont appelés à la faire.

Je suis toujours d’avais qu’avec des moyens aussi considérables de part et d’autre, celle-ci ne peut plus être de longue durée. Il semble d’ailleurs constant que les autrichiens ne seront pas des nôtres ; la gloire sera plus grande et le Dieu de la France fécondera notre courage et notre effort.

Le roi de Naples [Murat] nous est arrivé, sa présence a produit un bon effet. Il sera bien nécessaire à la conduite d’une partie de notre immense cavalerie, qui pourrait de grandes choses avec un peu plus d’expérience.

Tout chez moi se porte bien. L’Empereur va à merveille. Je t’aime comme à tes premières couches et c’est plus que le premier jour de notre mariage ; une des choses qui me fait le plus aimer Louise [sa fille], c’est qu’elle me vient de toi.

Bonjour ma chère enfant. Adieu, je t’embrasse souvent sans égard à la distance.

LOBAU

Je connaissais la mort du duc d’Abrantès [général Junot, mort le 29 juillet 1813]. C’est bien le cas de la dire, pauvre espèce humaine.

(« Lettres d’un Lion. Correspondance inédite du général Mouton, comte de Lobau (1812-1815) [Publiée et annotée par Emmanuel de Waresquiel], Éditions Nouveau Monde, 2005, pp.155-156).

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