Napoléon arrive à Paris le 21 juin 1815, entre 6 heures et 8 heures du matin, selon l’Itinéraire de MM. Garros et Tulard (p.473). Marchand indique dans ses « Mémoires », 5h30. Écoutons Guillaume Peyrusse, Trésorier de la Couronne:
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« 21 juin 1815. A trois heures du matin, M. le fourrier du palais Deschamps se fait annoncer et m’apprend tous nos malheurs ; il était chargé par M. le Grand-Maréchal de venir s’assurer si Sa Majesté était rentrée à Paris. Il en avait été séparé par une immense cohue de fuyards et on avait perdu la trace de sa marche. Tous nos équipages, s’étant enfournés dans Charleroy [Charleroi], avaient été pris et pillés. Le Trésor, la voiture de Sa Majesté, avaient subi le même sort, et la perte de cette voiture avait été d’autant plus sensible que Sa Majesté avait laissé dans un de ses vêtements un million de diamants en grains cédés par le Roi Joseph. Je fus atterré en apprenant cette nouvelle, qui bouleversait toute mon existence, et ma surprise fut d’autant plus grande que, chez la Reine de Hollande , où j’avais passé la soirée, M. de Lavalette nous avait assuré que Sa Majesté était, le soir même, entrée à Bruxelles.
Sa Majesté arriva dans la matinée. Je fus mandé à l’Elysée.
L’Empereur était dans son bain ; il me demanda avec empressement si j’avais réalisé les fonds en or. Sur ma réponse affirmative, il me demanda de lui remettre dans le jour l’état de ses affaires. – « Qu’y a-t-il de nouveau ?, me dit Sa Majesté. Ma réponse ne se fit pas attendre. – L’arrivée de Votre Majesté est un événement trop important pour qu’on s’occupe d’autre chose… – J’ai perdu tout ce que vous m’avez donné… Avez-vous des nouvelles de payeur ? J’étais préparé à cette double catastrophe. – Mais tout peut se réparer, Sire ? – Certainement … une terreur panique… un hourra général sur toute la ligne. »
On annonça l’archichancelier. J’ai pris congé de Sa Majesté qui m’écrivit dans la journée : « Monsieur Peyrusse, mon Trésorier, j’ai reçu la tabatière à portraits et à diamants, n° 250, du prix de 10,300 Fr., que vous m’avez remise. Votre compte en est déchargé. »
D’autre part Sa Majesté m’écrivit encore :
« Monsieur le baron Peyrusse, remettez au comte Bertrand les soixante-seize actions des salines de l’Est, qui m’appartient et dont j’ai disposé en sa faveur. »
Je m’empressai de remettre ces actions au comte Bertrand, qui me donna son reçu. »