Le maréchal Ney, le 7 décembre 1815,
après son exécution ordonnée par Louis XVIII.
Au lendemain de la défaite de Waterloo, le 18 juin 1815 et après la seconde abdication de Napoléon, apparait en France un véritable phénomène d’épuration. La Terreur blanche, c’est son nom, va sévir jusqu’à l’automne 1815. Par ailleurs, dans toutes les régions de France, on relève des troubles, des violences. Particulièrement dans le Midi, à Nîmes, à Uzès, à Montpellier, à Avignon, où le 2 août 1815, à Avignon, le maréchal Brune est assassiné par une bande de royalistes. La populace en délire jette son corps meurtri dans le Rhône et écrit sur le muret du pont : « Ici est le cimetière du maréchal Brune ». A Nîmes et ses alentours, une bande d’exaltés menés par les sieurs Trestaillons et Truphémy font la loi, arrêtant n’importe quel individu sous un prétexte futile et le passant sans délai par les armes ! A Toulouse, c’est le général Ramel, pourtant nommé par Louis XVIII au commandement militaire de cette ville, qui doit affronter les exactions des Verdets, bandes organisées de royalistes. Dès que la nouvelle de la défaite Waterloo est rendue publique, ils traquent sans merci tout bonapartiste. Dans la ville rose, l’horreur monte en intensité avec le meurtre, le 15 août 1815, du général Ramel cité plus haut, par ces mêmes Verdets. A Marseille, en juin 1815, ce sont des mamelucks qui sont attaqués et tués par une foule agressive. Le pouvoir de Louis XVIII ne condamna à aucun moment ce bain de sang. Il préféra se consacrer à licencier une grande partie de ceux qui se battirent, à instituer les sinistres cours prévôtales qui jugèrent et condamnèrent à tour de bras. Le gouvernement mis beaucoup de soin à établir des listes de proscriptions, véritables listes noires sur lesquelles figurent des centaines de noms de personnalités civiles ou militaires. Elles ont toutes un point commun : celui d’avoir servi l’Empereur ! Par la sinistre ordonnance royale du 24 août 1815, certains de ses hommes sont condamnés à mort (quelquefois par contumace), d’autres encore sont emprisonnés, à défaut de n’avoir pu fuir à temps. Ney, La Bédoyère, Drouet d’Erlon, les frères Lallemand, Ameil, Brayer, les frères Faucher Mouton-Duvernet, Drouot, Cambronne, Lavalette, Savary, Exelmans, Bassano, d’autres noms encore; et même Marbot, le célèbre mémorialiste, devra quitter Paris et se retirer en province sous la surveillance de la police. C’est par tout ce sang versé, que Louis XVIII et son gouvernement vont atteindre leur objectif : effacer tout ce qui peut rappeler le règne du de Napoléon le Grand. Et ils peuvent être rassurés : l’Empereur, n’a-t-il pas été expédié sur un rocher, au bout du monde ?
Nicolas TERNAUX.