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Antoine et Barthélémy Bacheville

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ANTOINE

45492_3En novembre 1815, alors que Napoléon est à Sainte-Hélène, Antoine et Barthélemy Bacheville, deux frères ayant servi de l’ex-Garde impériale, n’aspirent qu’à  la tranquillité. Licenciés de l’armée, ils se sont retirés  dans la petite ville de Trévoux, dans l’Ain, dont ils sont originaires. Leurs ennuis commencent avec une ordonnance royale, en date du 11 novembre 1815, qui prive l’aîné de son maigre traitement d’ancien militaire. Il n’est donc plus considéré comme demi-solde. Les deux frères s’aperçoivent  alors qu’ils font l’objet d’une surveillance de la part de la gendarmerie royale. Peu après, alors qu’ils se rendent dans leur petite maison de Villefranche-sur-Saône, un maréchal des logis, voulant peut-être faire du zèle, leur demande leur passeport, ce document exigé des demi-soldes pour tout déplacement. Barthélémy ne le possède plus, n’étant plis considéré, par la suppression de sa pension, comme ancien militaire.  Le gendarme veut l’arrêter et met la main à son sabre. Barthélémy sort  un des deux pistolets dont il ne se séparait plus.  Le gendarme recule, apeuré, ce qui permet aux deux frères de prendre la fuite. Va alors commencer pour eux un incroyable périple. Les voici à Lyon, où ils apprennent qu’ils sont désormais recherchés, leurs noms figurent sur des affiches. Convoqués par la Cour Prévôtale du Rhône pour « conspiration pour renverser le Gouvernement », Antoine et Barthelemy passent en Suisse, après avoir crié à la frontière, avec un grand soulagement : « Vive la France ! », « Vive la liberté ! » et… « Vive l’Empereur ! ». Mais Dans les auberges leur signalement est affiché.  Le duc de Decazes, ministre de la police de Louis XVIII a expédié des agents pour les retrouver. A Genève, un autre exilé bonapartiste, le colonel Combes, leur procure de faux papiers. Ils atteignent Constance puis Schaffhouse. Les frères Barthélémy veulent aller à Munich où réside le  prince Eugène de Beauharnais, fils de l’impératrice Joséphine.  Ce dernier leur fait remettre la somme de deux cents francs.  Barthélémy apprend alors qu’il est condamné à mort par la Cour Prévôtale de Lyon et Antoine écope de deux ans de prison ! Au risque d’être arrêtés, même en territoire étranger, il leur faut fuir de nouveau ! Les voici en Saxe, en Pologne… A Cracovie ils rencontrent le général Jermanowski, ancien commandant de l’escadron des  lanciers polonais de la Garde à l’île d’Elbe ; exilé lui aussi…  Nous retrouvons les frères Bacheville en Moldavie turque, à Jassy (actuellement en Roumanie).  Là, on leur parle de la création du « Champ d’Asile », cette colonie fondée en 1818 au Texas par des officiers bonapartistes. Antoine presse alors son frère afin qu’il parte pour Constantinople afin de trouver un navire pour l’Amérique ou… pour la Perse ! Les deux frères se séparent. Ils ne se reverront plus.  Barthélémy part alors pour la Grèce, il sera un temps au servie du fameux Pacha de Janina avant de s’enfuir au vu des horreurs commises par ce tyran.  On le retrouve à l’île de Corfou, puis à Trieste, où il rencontre Maret, duc de Bassano et Pons de l’Hérault, deux bonapartistes exilés eux-aussi.   Barthélémy Bacheville est à Ancône puis à Rome. Là, d’autres fidèles de l’Empereur, le colonel Roul et le capitaine Laborde (officiers qu’il a connu à l’île d’Elbe) lui donnent des nouvelles de l’Empereur, relégué tout là-bas sur l’île de Sainte-Hélène… Barthélémy rencontre Madame Mère, Lucien et Louis, frères de l’Empereur. Il n’ira jamais en Amérique, l’épopée du Champ d’Asile venant de prendre fin. Il finira par se rendre aux autorités françaises en 1819, non sans avoir appris la suppression des Cours Prévôtales.  Emprisonné, il apprend « qu’il n’y avait pas lieu à poursuites contre le condamné à mort de 1816 ! ». Antoine, quant à lui s’était retrouvé à Tripoli et avait refait la connaissance  de deux officiers français et d’un italienne rendant à Bagdad et « allant prendre du service des troupes du fils aîné du Shah de Perse. ». En octobre 1819,  les voyageurs sont signalés à Alep, puis sont attaqués par des pillards. Barthélémy est alors soigné par un certain Barrachin, chirurgien de l’ex-Garde (celle de Napoléon) et instructeur dans l’armée perse.  Antoine serte un temps dans l’armée du fils du Shah  puis prend la route de Mascate où le souverain qui réorganise sa petite armée a besoin d’instructeurs. Il n’y parviendra jamais. On perd sa trace vers le détroit d’Ormuz.

Quel parcours atypique que celui des frères Bacheville, anciens combattants de la Grande-Armée ![1]

 

 C.B. 


[1]  Antoine Bacheville a laissé un témoignage qui fut réédité il y a quelques années : « Itinéraire d’un officier de la Garde. Présentation et notes par Laurent Nagy », La Louve Editions, 2013.

 

 

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