« La frégate la Thébaine arriva du Cap le 7 janvier 1816, apportant la nouvelle que Murat ayant débarqué avec quelques hommes en Calabre, y avait été pris et fusillé [le 13 octobre 1815]. L’Empereur s’écria, en saisissant le bras de Las Cases : « Les Calabrais ont été plus humains, plus généreux que ceux qui m’ont envoyé ici. » Il dit encore que la destinée de Murat avait été de lui faire du mal. « Il nous avait perdus, déclara-t-il, en nous abandonnant, et il nous perdit en prenant trop chaudement notre parti : il ne garda plus aucune mesure; il attaqua lui-même les Autrichiens sans plan raisonnable, sans moyens suffisants, et il succomba sans coup férir. Je l’eusse amené à Waterloo, mais l’armée française était tellement patriote, si morale, qu’il est douteux qu’elle eût voulu supporter le dégoût et l’horreur qu’avait inspiré celui qu’elle disait avoir trahi et perdu la France. Je ne me crus pas assez puissant pour l’y maintenir, et pourtant il nous eût valu peut-être la victoire, car que nous fallait-il dans certains moments de la journée? Enfoncer trois ou quatre carrés anglais; or Murat était admirable pour de telles besognes; il était précisément l’homme de la chose; jamais à la tête d’une cavalerie on ne vit quelqu’un de plus déterminé, de plus brave, d’aussi brillant.[1] »
[1] J. Thiry, « Sainte-Hélène », Berger-Levrault, 1976.