Accueil TEMOIGNAGES 1821… « Voilà le Roi des Rois couché dans un cercueil… »

1821… « Voilà le Roi des Rois couché dans un cercueil… »

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Buste NapoléonEn apprenant la mort de Napoléon, voici ce qu’écrit Fantin des Odoards, lui qui a participé à  toutes les campagnes de l’empire, d’Austerlitz à Friedland, de La Corogne à Waterloo…

Strasbourg, 12 juillet 1821.

Le grand Proscrit vient donc de succomber, sur le roc de Sainte-Hélène, à ses tortures physiques et morales ! Combien cette nouvelle a dû réjouir cet infâme gouvernement anglais qui, par l’entremise du méprisable Hudson Lowe, comptait journellement les pulsations du cœur du héros captif pour jouir de sa longue agonie, pour calculer la fin probable de son existence ! Comme ils sont aujourd’hui gais et rassurés, ces myrmidons couronnés dont le front porte encore l’empreinte des pieds de leur vainqueur! Ce n’est que de ce moment qu’ils se tiennent pour bien assis sur leur trône, car bien qu’enchaîné au milieu de l’Océan, le Géant, qui si longtemps les fit trembler, était encore pour eux un épouvantail, un cauchemar permanent. Ils tremblaient chaque jour d’apprendre qu’échappé de sa prison lointaine il allait de nouveau apparaître dans cette France, terre des braves, dans cette Europe qui naguère était à ses ordres. Il est mort, l’arbitre de tant de destinées, et mort dans  les fers ! Rien n’a donc manqué à sa destinée, rien, pas même l’adversité. Oh ! Que Napoléon sera grand alors que, les haines, les rancunes et les préventions venant à s’éteindre, la postérité ne verra plus en lui que le plus étonnant génie des temps modernes ! Aujourd’hui l’homme de la France, il sera sans doute un jour celui du monde civilisé, car sa gloire appartient à toute la race humaine; elle doit être cosmopolite. Le XIXème  siècle sera dans l’ère de tous les peuples le siècle de Napoléon. La fin de l’Empereur, que les feuilles publiques viennent de nous révéler, a été un coup de foudre pour tous ceux qui, comme moi, avaient, dans leur fanatisme, fait un demi-dieu du héros qui a porté si loin et si haut la gloire du nom français. Il nous semblait que Napoléon était au-dessus de l’humanité, qu’il ne pouvait pas mourir, que son corps devait être impérissable comme son nom; et il est mort ! Voilà le Roi des Rois couché dans un cercueil ! Ses yeux ne lanceront plus d’éclairs; sa présence et sa voix n’électriseront plus des armées; un mouvement des sourcils du moderne Jupiter n’ébranlera plus le monde.

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