Cet officier sera tué à Waterloo, lors de l’assaut du château d’Hougoumont. Il s’adresse au général Marin, sous-gouverneur des Pages de l’Empereur, à Versailles.
Smolensk, le 8 novembre 1812.
Mon cher général, je profite du revers de la lettre de mon ami Marchal [major du 93ème de ligne] pour vous donner de mes nouvelles et des siennes. Les deux plaies de ma blessure sont cicatrisées, la sienne le serait avant huit jours, si nous étions tranquilles, mais la route en retraite que nous faisons depuis vingt jours, retarde un peu notre parfaite guérison. Nous avons tous deux bon appétit et nous voyageons, moi dans ma voiture et notre major dans une petite calèche du pays, dans laquelle il est étendu comme dans son lit. Nous attendons ici le corps d’armée [le 3ème corps (Ney) ; le 93ème faisait partie de la 11ème division d’infanterie] ou au moins des nouvelles de la direction qu’il doit prendre après le passage du Borysthène, alors nous nous dirigerons sur le point destiné au régiment, afin d’y terminer au plus tôt notre guérison [à La Moskowa, Bauduin avait eu le bras droit traversé par un coup de feu, il en resta estropié, et le major Marchal avait reçu à la cuisse droite une balle qui ne put être extraite].
Soyez tranquille sur le sort de votre beau-frère : notre destinée est commune et nous ne nous quitterons pas ; au reste d’ci à huit ou dix jours nous serons tous deux hors d’affaire et nous n’aurons plus besoin que de soins pour empêcher nos plaies de se rouvrir.
Si, comme il est probable, on organise le Royaume de Pologne, Smolensk fera sans doute partie de la ligne de défense, comme un point important sur le Borysthène ou Dniepr ; en conséquence je présume que notre quartier d’hiver ne sera pas trop éloigné d’ici ; écrivez-vous souvent.
BAUDUIN.