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« Tous avaient voulu voir le grand homme. »

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Buste Napoléon

Louis-Etienne Saint-Denis (alias le mameluck Ali) fait partie des témoins essentiels de Sainte-Hélène. Voici ce qu’il écrit dans ses « Souvenirs » (Arléa, 2000. Préface et notes de votre serviteur):

Le gouverneur [Hudson Lowe] ayant donné la permission à toutes les troupes de l’ile, de terre et de mer, de venir à Longwood, dans l’après-midi et par un mouvement spontané, officiers, sous-officiers, soldats, tous s’empressèrent d’y accourir. Ces derniers, les uns en uniforme, les autres en veste de travail, arrivèrent couverts de sueur à la maison mortuaire. Malgré l’affluence considérable des visiteurs, tout se passa avec le plus grand ordre. On entrait par l’antichambre des valets de chambre, ensuite la salle de bain, le cabinet et la chambre à coucher ou chapelle ardente, où l’on stationnait quelques instants ; après quoi on sortait par la salle à manger, le salon et le parloir. Pendant le passage des visiteurs, le grand-maréchal était à la tête du lit, MM. de Montholon et Marchand au pied, et les serviteurs rangés du côté opposé près des fenêtres. Dès que la permission de venir à Longwood avait été connue des soldats, le travail avait cessé, tous avaient voulu voir le grand homme, le grand Napoléon : c’est ainsi que les soldats anglais appelaient l’Empereur. Tant qu’il fit jour, les appartements ne désemplirent pas. Nous avons remarqué que la plupart des officiers et soldats, après avoir considéré le corps du héros, paraissaient fort émus du spectacle funèbre qu’ils avaient sous les yeux. Nous avons aussi remarqué que plusieurs s’agenouillèrent après avoir fait, avec le pouce de la main droite, une croix sur le front de l’Empereur : ils étaient probablement Irlandais. Parmi les sous-officiers, il y en eut un qui s’approcha tout près du lit de repos, tenant un enfant par la main, et s’écria en montrant à cet enfant le corps de l’Empereur : « Viens, viens voir le grand homme, le grand Napoléon ! » Cet ancien militaire prononça ces paroles avec tant d’âme et de chaleur que tous les assistants ressentirent la vive émotion qu’il éprouvait lui-même. A la tombée du jour, la foule s’étant écoulée, il ne resta plus à Longwood que ceux qui l’habitaient. Deux ou trois serviteurs eurent la douce, mais bien triste satisfaction, de faire la veille auprès du corps de l’Empereur.

 

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