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Les fautes de Napoléon d’après le général Thiébault…

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ROBERT LEFEVRE 1Le général Thiébault ne fit pas la campagne de Russie : mais au commencement du cinquième tome de ses « Mémoires » [réédités en 2 forts volumes il y a quelques années par un éditeur bien connu], il recherche les causes du désastre. Ce même auteur rappelle en quelques pages quelques fait que nous allons résumer, sans les approuver d’ailleurs sur tous les points, comment les gens modérés jugeaient alors et critiquaient les actes de Napoléon, énuméraient les fautes et les torts de celui qu’ils regardaient, non plus comme un demi-dieu, mais comme un homme. 

1°/ Ne fallait-il pas en finir avec l’Espagne, avant de s’enfoncer en Russie et, une fois cette entreprise colossale commencée, recréer le royaume de Pologne ? Tout était sauvé si Napoléon avait trouvé à Smolensk une armée de 60.000 Polonais. 

2°/ Ne fallait-il pas commencer par démembrer la Prusse ? L’armée russe serait venue défendre les Prussiens, et nos troupes, après l’avoir battue, entraient à sa suite ne Russie, au lieu de faire comme elles firent, de courir pour l’atteindre, jusqu’à Smolensk, et de l’atteindre après des marches accablantes et de grandes pertes. 

3°/ Napoléon prenait pour auxiliaires un corps prussien et un corps autrichien. Ne devait-il pas les faire marcher et combattre sous ses yeux, au lieu de faciliter leur défection en les plaçant l’un et l’autre à l’extrémité de ses ailes, les Prussiens à portée de la Prusse et les Autrichiens à portée de l’Autriche ? 

4°/ Pourquoi n’acceptait-il pas pour aide de camp -et pour l’otage- le prince royal de Prusse qui s’offrait à lui ? [Où Thiébault a-t-il pris cela ? On sait seulement, d’après une lettre de Saint-Marsan à Maret (Berlin, 24 mars), que le roi accorda la permission de servir dans le contingent prussien au comte de Brandebourg, fils naturel de Frédéric-Guillaume II et capitaine des gardes du corps, et qu’il refusa cette permission au jeune prince Frédéric, fils de feu son frère, le prince Louis de Prusse. Note d’Arthur Chuquet]. 

5°/Pourquoi, ne partageait-il pas ses forces en deux armées, l’une qui aurait affranchi la Pologne, l’autre qui se serait portée non sur Moscou, mais sur Saint-Pétersbourg ? Mieux valait, en effet, attaquer Saint-Pétersbourg que Moscou : un Etat est toujours plus faible à ses extrémités qu’à son centre et prendre Saint-Pétersbourg- puisqu’aussi bien Napoléon attaquait le Tsar et non la nation russe- c’était chasser la famille impériale, la déconsidérer. En revanche, aller à Moscou, n’était-ce pas combattre la Russie entière ? 

6°/ Une fois à Moscou et dans Moscou embrasé, ne fallait-il pas évacuer aussitôt les blessés, puis, dix jours après, reculer sur Smolensk et préparer pour l’année suivante une nouvelle campagne où la Grande-Armée, plus formidable que jamais, aurait sûrement pris Saint-Pétersbourg ? 

7°/ Même en octobre, après s’être laissé jouer par Alexandre, ne fallait-il pas laisser à Moscou 40.000 hommes défendus par des retranchements et par l’hiver, et partir lestement avec le reste, sans bagages et sans blessés, rentrer en Pologne, renforcer l’armée et, aux premiers jours du printemps, revenir à Moscou pour marcher de là sur Saint-Pétersbourg ? 

8°/ Et si Napoléon ne faisait rien de tout cela, pourquoi emmenait-il de Moscou 600 pièces de canon, au leu de 300, ce qui lui donnait 5.000 chevaux de plus pour le transport des blessés et des vivres ? 

9°/ Pourquoi faisait-il brûler à Orcha les équipages de pont ? 

10°/ Pourquoi, au lieu de presser sa retraite, la ralentissait-il en faisant des haltes inutiles, en morcelant son armée qu’il aurait dû serrer et masser, en laissant à Moscou le maréchal Mortier qu’il fut obligé d’attendre, en laissant derrière lui ses corps, Davout, Eugène, Ney qui n’échappèrent que par miracle et grâce aux bévues des Russes, de ces Russes qu’il lui importait de gagner de vitesses et qui pourtant le devancèrent ? 

 11°/ Pourquoi, rentré à Paris, ne se hâtait-il pas de rappeler Joseph et de renvoyer Ferdinand en Espagne ? 

 Arthur CHUQUET. 

 

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